
La maquette bien sage des livres de Thierry Valencin cache pourtant de fulgurantes beautés, des trésors de visions outrepassant le strict carcan réaliste.
Adepte du noir & blanc argentique, le photographe arlésien aborde le monde avec beaucoup de tendresse, de sensualité, d’érotisme.

Ses portraits souvent flous de femmes souvent nues ou jouant avec leurs vêtements en font un contemporain – peu importe l’âge – de Benoist Demoriane et d’Anton Delsol, de Denis Roche et d’Hervé Baudat.
Le temps n’est pas pour lui un ennemi, ou une occasion de ressentiment, mais une substance délicieuse se déposant sur la surface sensible de sa pellicule.

Beauté de jambes dansant sous une jupe blanche, beauté de l’humaine condition, en Camargue, à Paris, en Inde ou aux Etats-Unis, beauté d’un éléphant regardant placidement l’objectif.
Un taureau court dans l’arène, puissance noire enfantine et dangereuse, présence onirique, butée, allégorie du destin.

Nous ne verrons pas l’instant de sa mort, le photographe ne s’intéressant pas à ce qui empeste, mais à la pulsion de vie, à la solitude, et à la grâce qui rédime.
Fluidité du corps qui photographie, fermeté de l’œil qui ne rate pas le point.
En isolant ses sujets, une pirogue, une cabane, une femme de dos, Thierry Valencin crée la possibilité d’une méditation poétique.

« Certaines de ces photographies, commente Eric Renaud, semblent surgir du néant, elles apparaissent, encore cerclées d’ombre, émanant de leur propre lumière ; c’est qu’elles sont, c’est que tout ce qui les compose devient une unité, une forme, sculpturale, entière comme un bloc de marbre ou de granit. »
Unité entre la petite fille qui danse et la femme qui ôte son soutien-gorge, entre le zébu las et le pachyderme hors d’âge, entre les oyats et le sage hindou, entre la tourterelle et les tourtereaux se donnant un baiser.

Les lumières sont tamisées, l’ombre est un protection, la pudeur est une puissance d’amour physique.
Douceur des femmes-fleurs, des seins pointant sous le tee-shirt blanc, des chemins de campagne et des chevaux mélancoliques.
Dans la répétition des jours, la danse conduit le carpe diem.

Être là, pleinement présent, parmi ce qui fuit, dans le fragile et l’atemporalité.
Eric Renaud : « Les dessous sous lesquels s’ouvre ce que nos yeux ne se lasseront jamais d’oublier. »
En photographie, Thierry Valencin crée des possibilités d’îles, ouvertes et désirables.

Thierry Valencin, Au bord de l’autre, textes de Eric Renaud, 2010 – 1000 exemplaires

Thierry Valencin, Vu de l’instant, textes de Eric Renaud, 2013 – 1000 exemplaires

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Thierry Valencin, un véritable Artiste qui travaille avec l’argentique et qui nous révèle de magnifiques photos.
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