
Un rire américain dans un vieux village français.
Un rire français dans une interminable banlieue américaine.
C’est Guillaume Zuili le cosmopolite accueilli dans une ferme du Perche, sourire d’aise malgré le décalage horaire.

La terre est en feu, il est de glace.
L’ambiance est à la glace, il est de feu.
L’accompagne Christine Ollier qui l’invite pour inaugurer la plateforme Le Champ des Impossibles, projet de rencontres entre artistes en résidence et population, circulation des idées et sensibilités diverses.

Le vin est bon, les langues déliées, la lune ronde et l’amitié de jouvence.
Un petit livre, modeste et plein de grâce, Rencontre (texte de Pierre Collier), témoigne en vingt-quatre images, non pas secondes mais premières, d’une résidence ayant eu lieu du 10 septembre au 10 décembre 2018 dans le territoire percheron.
A la façon du grand Edward Sheriff Curtis, Guillaume Zuili photographie quelques indiens des plaines, chez eux ou au bistro, quelques granges, quelques objets, quelques arbres.

C’est un voyage entre la vie et la mort, dans l’antre d’un laboratoire où le photographe expérimente le plaisir étrange des limbes.
C’est un conte, c’est un matin du monde, c’est la fin du temps, une pluie d’atomes de mélancolie.
Once upon a time in the Orne, chantonnent Guillaume Zuili, « hidalgo délicieusement démodé et déjà locataire d’un perpétuel hors-du-temps », et son compère Pierre Collier.
Pencil of nature in the Orne, se risque le critique maladroit.

Mais, point trop de glose sur ces miniatures de livre d’heures, il faut laisser respirer les microsillons et les spores des fougères.
Sur la table est posé un plat de Penne Rigate de chez Setaro.
Et Pierre Collier de triller alors que le sage pense au Vomero, ou à Gustave le Gray : «C’est ainsi qu’au fil d’expérimentations barbares et de savante maîtrise, Guillaume est parvenu à une écriture proche de la gravure. C’est un graveur d’immatériel, un type qui cloue des clous sur les nuages sans échafaudages, comme le chantait joliment Bashung, pour les fixer à jamais dans un poudroiement de sels d’argent. »

Sur la platine, entre la bouteille de gaz et l’essoreuse à salade, tourne en boucle Black Sunday de Cypress Hill alors que s’écrit cette chronique.
Lick a shot.
Guillaume Zuili / Pierre Collier, Rencontre, Le Champ des Impossibles / Filigranes Editions, 2019, 66 pages
Beau titre qui a le mérite d’attirer, surtout aujourd’hui ! Mais, j’avoue ne pas trop être tenter par ce livre ! Merci pour ce partage.
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goooooood
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