© Catherine Rombouts
« Elle souffrait de la maladie de Charcot, dans sa forme bulbaire. »
Pas de dolorisme, de pathétisme facile, mais de la lumière, des clairs-obscurs pudiques, des crépuscules apaisés, de la vie, de l’espoir.
Le grand jour, de la photographe Catherine Rombouts, est un livre éminemment touchant, troublant, important, traitant dans la plus grande douceur du sujet difficile de l’euthanasie – légale en Belgique, aux Pays-Bas, au Luxembourg et en Suisse, pays qui permet « une assistance au suicide ».
© Catherine Rombouts
La couverture reproduit un beau papier peint déchiré, la beauté de fleurs coupées, comme une existence qui s’en va.
© Catherine Rombouts
Le grand jour s’ouvre avec précaution, et impose de prendre le temps du regard, de la réflexion, de la respiration.
Parce qu’une femme va mourir, et qu’elle nous offre ses derniers gestes, quelques objets, les souvenirs de sa vie, l’organisation de son logis, des photographies de famille.
Un cachet comme une lune, qui endort dans l’ultime.
© Catherine Rombouts
Les mots, précis, informatifs, douloureux, de Sophie Richelle ponctuent les images : « Chaque fois, sortir, le fauteuil roulant. Faire descendre, le fauteuil roulant d’abord. Fauteuil roulant qui n’entre pas dans l’ascenseur. Chaque fois, manger, la paille. Réduire la nourriture, bouillie. La paille pour une nourriture liquide, des trucs, des machins. En haut, le faire descendre. Ensuite, le fauteuil, un autre, dans l’ascenseur pour remonter, en bas. La paille de liquide, les fauteuils et eux dans l’ascenseur pour descendre, enfin. »
On comprend que la vie est impossible, infernale, qu’il faut trouver une solution.
© Catherine Rombouts
La mort volontaire va-t-elle à l’encontre de l’existence spirituelle ? Est-ce un blasphème ? Qu’en pensent les arbres visibles par la fenêtre du salon ? Que faire du chien fidèle qui me regarde encore ?
Dieu ne peut pas tout, il faut parfois l’aider, décider de s’arrêter, pour soi, pour les autres, pour l’intégrité du corps quand s’accélère la désolation.
© Catherine Rombouts
Du rouge à lèvre, un parfum capiteux.
J’ai été belle, j’ai séduit, j’ai aimé la vie.
Je veux partir dignement, éteindre moi-même la lumière.
© Catherine Rombouts
« Elle a choisi le 13 février. La veille de la fête des amoureux, elle trouvait l’idée excellente. »
La décision d’euthanasie n’interdit pas la politesse de l’humour.
Le 14, sur l’agenda, il y avait un rendez- vous, barré.
Madame danse encore un peu avant le grand voyage.
Un cheval dans la nuit, tel un gardien.
Une mer scintillante, tel un avenir.
© Catherine Rombouts
« Dès le milieu de l’après-midi, sa famille s’est rassemblée chez elle. Un à un, elle a pris le temps de voir chacun. A un de ses petits-enfants, elle a dit : ‘Tu te souviendras comme on aura ri.’ »
Dans les familles, il y a des porteurs de mémoire, s’assurant de la fluidité du passage entre les vivants et les morts. Pour l’instant, l’enfant ne sait pas encore que ce sera son rôle.
« Ils l’ont allongée, veillant à ce qu’elle soit confortablement installée. Comme elle en avait décidé, ils ont attendu les pompes funèbres. Elles sont venues chercher son corps vers 22h00. »
La vie a passé, elle fut bouleversée, bouleversante.
Champagne, Madame !
Catherine Rombouts, Le grand jour, textes Sophie Richelle (historienne) et Laurence Rosier (professeure à l’Université Libre de Bruxelles), éditions Loco, 2020
Je ne suis pas d’accord, du tout, avec rien de ce que dit ce livre (ce que tu en montres, je n’ai pas vu le livre), avec rien de ce que tu écris
>
J’aimeJ’aime
Je trouve le livre très émouvant et les photos très belles. Merci pour ce partage 😉
J’aimeJ’aime
Ce livre est très intéressant. J’aime bien les photos.
J’aimeJ’aime