©Elina Brotherus
Après Carpe Fucking Diem, paru en 2017, les éditions Kehrer Verlag publient Seabound, nouveau volume des aventures autobiographiques décalées de la photographe Elina Brotherus.
Les amateurs de l’artiste finlandaise retrouveront ici sa silhouette keatonienne placée à la pointe la plus méridionale de la Norvège, dans le Southland, territoire composé de montagnes granitiques, de vallées sublimes et de rivages généralement très doux.
Jouant avec les codes de l’histoire de l’art, la photographe née en 1972 à Helsinki a trouvé dans les collections du Sørlandet Kunstmuseum des œuvres, romantiques ou montrant des performances (Yoko Ono,Geoffrey Hendricks, VALIE EXPORT, John Baldessari, Kurt Johannesen), ayant inspiré les siennes pour sa onzième monographie – belle couverture rigide en tissu – présentée avec grand soin dans un boitier cartonné bleu.
©Elina Brotherus
Entre autoportraits et photographies de paysages, Elina Brotherus danse sa présence dans l’histoire de l’art.
On la voit sur une première image prendre son envol à la façon d’une mouette sur une île d’un archipel où la mer est sereine – comme une aurore, ou une fin de monde.
La compatriote d’Aki Kaurismaki regarde fixement un tableau, avant de s’imaginer avoir franchi l’écran pour vivre dans la fiction – comme dans La Rose pourpre du Caire, de Woody Allen.
©Elina Brotherus
On est ici dans un rêve édénique, un embarquement pour quelque Cythère heureuse.
Pas de trouble, une forme d’ataraxie, de contemplation à la fois stupéfaite et indifférente.
Elina Brotherus est un caillou sur la rive, un névé de printemps, une surface calme et ironique.
Sur le dos de la performeuse est écrit « Célfie », telle une façon de renvoyer l’époque à son inconsistance.
©Elina Brotherus
Travaillant en coloriste – des barques rouges renversées, des blancs, des nuances de bleu -, l’artiste pince-sans-rire est une figure de l’attente, presque beckettienne, créatrice d’un burlesque fait de tensions retenues jusqu’à l’extrême, et sans que jamais rien n’éclate ou n’explose.
La voici qui porte de petites roches sur le crâne, pantin de chair tenant son rôle dans le grandiose d’un paysage de pierre.
Il y a des palissades, quelques habitations, des masures au toit végétalisé, d’autres humains sûrement, quelque part.
L’artiste pose nue, en chaussettes blanches à liséré rouge, le soleil la caresse, c’est un doryphore.
©Elina Brotherus
Regardez à fond la chamane, la sorcière, la voyageuse, rien n’existe que les visions d’un cerveau traversé par le ciel, les vagues et le vent.
Prière de ne pas déranger, et de ne surtout pas parler trop fort, des monstres guettent peut-être, qu’il ne faudrait pas réveiller brusquement.
On peut être soi et l’autre, on est soi et l’autre, on est ce que demain inventera pour nous.
Seabound est une méditation sur le temps, sur l’identité, sur la nécessité de l’art à l’instant de la catastrophe, intime et collective.
Elina Brotherus, Seabound, textes Elina Brotherus, Nicolai Tangen, Timo Valjakka, conception graphique Ilona Ilottu, Dog Design, Kehrer Verlag Heidelberg, 2021, 120 pages
©Elina Brotherus
Expositions :
La nouvelle beauté, les points forts de la collection Nicolai Tangen, Hämeenlinna Art Museum, Finlande, 12.05.–17.10.2021
Réalisé sur Föhr, Museum Kunst der Westküste, Alkersum, Föhr, Allemagne, 28.02.–05.12.2021
Mère! Louisiana Museum of Modern Art, Humlebaek, Danemark, 21.04.–29.08.2021
Marmonner! Kunsthalle Mannheim, Mannheim, Allemagne, 01.10.2021 –06.02.2022
Sur les corps célestes, Arter, Istanbul, 10.09.2020 – 25.07.2021
Nouvelles perspectives à travers la photographie – 25 ans de l’école d’Helsinki, Kunsthalle Helsinki, Finlande 11.09.–31.10.2021
Question de fait, Voisins de campagne #2 Galerie Duchamp, Yvetot, France, 19.06.–19.09.2021
Elina Brotherus: Baldessari dans le parc Château de Bois-Héroult, à Voisins de campagne #2Bois-Héroult, France, 19.06.–19.09.2021
Elina Brotherus: Sebaldiana Musée de la Roche-sur-Yon et Artothèque de la Roche-sur-Yon, France 10.07.–19.9.2021
Elina Brotherus: Double je La Cale 2, Nantes, France 03.07.–12.09.2021
In Extremis! Galerie Confluence à Parc du Grand Blottereau, Nantes, France, 24.04.–28.06.2021