©Dune Varela
Paraît conjointement à l’ouvrage Guillaume Zuili/Christine Ollier, chez Filigranes Editions, dans la collection La Rencontre, le volume Dune Varela/Julien Bécourt.
Artiste en résidence dans le Perche à Perce-en-Nocé en janvier, juin et décembre 2019, Dune Varela a travaillé sur les collections de l’écomusée et le musée de Mortagne-au-Perche – actuellement fermé pour inventaire -, conservant une belle collection de lapidaires, photographiant également la statuaire présente dans des églises tout en réalisant un film.
On entre avec elle dans la légende d’un pays volontiers animiste, adepte d’une rationalité supérieure, et, si l’on veut, préscientifique.
Travaillant le médium photographique dans sa dimension de témoignage et de matériau altérable, Dune Varela s’intéresse à l’archéologie, de son propre outil de communication – lié dès l’origine à la fascination pour les monuments de l’Antiquité -, de ce qu’elle perçoit des traces actuelles de la civilisation gréco-romaine, et de celles de son histoire familiale marquée par une judaïté masquée.
©Dune Varela
Dans le Perche, au contact de la nature, et en se décalant d’elle-même, l’artiste a laissé advenir des synchronicités, jouant quelquefois sur l’indistinction entre réalité et fiction.
« Chez Dune Varela, précise Julien Bécourt qui analyse son travail, la photographie n’est plus seulement la représentation d’un élément du réel sur une surface plane mais devient l’enjeu d’une réflexion sur les conventions mêmes de sa représentation. Des images devenues images d’images, fragments elliptiques d’une diégèse qui recouvre l’histoire de l’Empire gréco-romain et, par extension, de ce que l’on a désigné par « civilisation occidentale ». »
Dans son journal de résidence, Dune Varela écrit, le 22 décembre 2019 : « Sur la route, entre la sortie d’autoroute de Nogent-le-Rotrou, je reçois un message sur mon téléphone. Il est 16h30. Mon père vient de mourir. Mon père meurt à l’instant précis où je traverse ces paysages de collines vertes et brumeuses et alors que je m’apprêtais à filmer l’enterrement d’une statue gréco-romaine. Je repars le lendemain matin pour La Rochelle, je veux voir mon père mort. Son corps est froid et figé comme la pierre. Il sourit presque. Il est une statue. »
©Dune Varela
La forêt bruit de présences invisibles.
Des statues pleurent.
La ruine est-elle si ancienne qu’elle n’y paraît ?
La solitude est-elle bonne ou mauvaise conseillère ?
Où commence le sacré ?
Quels liens entre Rome et Bellême ?
Comment apparaîtra ce qui était enfoui ?
©Dune Varela
Dune Varela entre dans le mystère des signes, et le vertige des leurres, pour mieux aborder sa propre nuit intérieure, et ce qui relève de la mémoire enfouie.
Dune Varela & Julien Bécourt, Rencontre, coordination éditoriale Christine Ollier et Patrick Le Bescont, conception graphique Corinne App, Les Carnet, Filigranes Editions / Art Culture & Co et Le Champ des Impossibles, 2021, 64 pages
Dune Varela – Filigranes Editions