Chimère, ô mon amour, par Guillaume Varone, photographe

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©Guillaume Varone

Avez-vous remarqué comme la peau de notre amour, lorsque l’on s’en approche, n’est plus seulement la peau de notre amour, mais une planète inconnue, une aventure du jamais-vu, une fiction ?

Une femme est une femme est une autre femme, lorsqu’elle accepte le dénudement ultime de sa peau par le scalpel de l’objectif, découvrant en elle des puissances de métamorphoses dont elle ne soupçonnait qu’à peine la présence trouble et excitante.

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©Guillaume Varone

Il y a de la volupté à se laisser ainsi observer jusqu’au frisson des poils formant à la surface du corps le spectacle d’oyats soulevés par le vent.

C’est un marais filmé par Mizoguchi, une brume d’être exacte, un espace propice à l’apparition des fantômes.

Distinguer le microcosme des grains de beauté de l’organisation des étoiles dans le firmament est une paresse de l’intelligence sensible, quand, comme ici, dans l’œil de Guillaume Varone, l’un est le reflet de l’autre, peut-être son double mystérieux.

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©Guillaume Varone

La peau couchée qu’il contemple n’est pas une peau mais un parchemin, le texte étrange et fabuleux d’une relation entre le dehors et le dedans, entre ce qui se formule enfin et ce qui ne cesse d’échapper d’une intimité allant toujours plus loin que le désir de capture.

La nuque est vulnérable, confiée à la responsabilité du regardeur.

Ce pli ombreux est-il d’un coude ou d’une paroi de grotte hercynienne ?

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©Guillaume Varone

Ce trou noir aspirant la lumière est-il nombril ou objet céleste ?

Ce vallon parsemé de pierres est-il lunaire ou mammifère ?

Où est le haut ? Où est le bas ? Où commence la Nubie ? Comment naviguer sans tout à fait se perdre dans ce delta de femme ?  

La peau chante, parcourue de rivières souterraines, de canaux d’énergie lui donnant sa couleur, sa texture, son odeur.

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©Guillaume Varone

L’amour est un accord dans l’invisible avec cette signature de l’être.

Photographiant ainsi l’épiderme de sa compagne, Guillaume Varone témoigne de son attachement à l’esprit informant la matière, sculptant son épouse, ou la remodelant, afin de lui offrir la chance de se découvrir différente.

Il faut désirer la liberté de l’autre, sans condition, ne pas craindre son inconnaissable, ni sa nuit sexuelle, mais être là toujours, au plus près de son inouï, tel un veilleur, ou un protecteur.

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©Guillaume Varone

Que pense le squelette perceptible sous la chair ? Que pense le fémur ? Que pensent les vertèbres ?

Enceint de sa femme, un artiste photographie l’accouchement d’une déité.

Son âge importe peu, c’est un arbre déjà grand, dont l’écorce comporte des yeux.

Les corps se mélangent, la main de l’un devient la main de l’autre, le sein de l’un se greffe sur le torse de l’autre.

Guillaume Varone étudie une chimère, et c’est très beau.

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Guillaume Varone, Dans ses ombres, texte de Cyrille Polla, galerie Analix Forever (Genève, Suisse), 2022

Exposition éponyme du 25 mars au 28 avril 2022

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©Guillaume Varone

Galerie Analix Forever

Contacter directement le photographe : guillaumevarone@gmail.com

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