©Mathilda Olmi
« Il m’arrive de me serrer fort sous la douche, de mettre le jet juste au-dessus de ma tête pour bien sentir le poids de chaque filet et les distinguer individuellement s’écouler autour des reliefs de mon visage, sur mes paupières si fines avant les yeux et dans ma bouche entre-ouverte. Seule à seule, fermée sur mon corps qui ressent l’eau, je m’enlace tendrement. Je me donne un peu d’amour nu. » (Julia Widmann)
Mathilda Olmi photographie les femmes avec une immense délicatesse, et beaucoup de sensualité.
Pas la femme, mais les femmes, toutes les femmes.
©Mathilda Olmi
Comme des fruits de la nature, comme un coing, comme l’ovale d’un citron, comme trois poires épousant leurs courbes en faisant frémir leur téton.
Mathilda Olmi admire une unité formelle, une évidence de continuité, une grâce éminemment touchante, son dernier ouvrage Rosa Canina pouvant relever de l’éthique du care.
Ne pas craindre d’être fragile, d’avoir des blessures, des cicatrices, mais être conscient que pour qui sait regarder la flamme intérieure avec tendresse tout devient érotique.
©Mathilda Olmi
S’agit-il de caresser du bout de l’objectif la féminité même ? Oui, et de montrer, en ce que l’on croit être une donnée fixe, le mouvement, la transformation, le transport intime, le déplacement.
Les corps s’offrent au regard en leur torsion, leur souplesse, leur douceur rassurante.
L’artiste s’approche des épidermes, des grains de beauté, des enchantements secrets.
©Mathilda Olmi
Un végétal tatoue son ombre sur le visage d’une femme aux cheveux courts, très pure dans ses traits.
Le ventre un peu flétri porte les stigmates d’une grossesse, ou tout simplement de l’âge, il est très beau ainsi.
Une jeune fille se penche, les côtes deviennent saillantes, Dieu est là, dans toute la splendeur de la création, et de ses créatures.
Des seins ont donné le lait de la vie, d’autres sont taris, le soleil continue sa course, comme la nuit.
©Mathilda Olmi
On peut considérer les portraits nus des modèles posant pour Mathilda Olmi comme des académies, mais il y a davantage ici qu’une simple étude, il y a Eros, le désir de jouir du cadeau d’un corps, de souhaiter son épanouissement, sa pleine fleuraison.
Les femmes sont de différents âges, ce sont des danseuses d’un banquet grecs s’appelant Philinna ou Thaïs aux jambes splendides
Rosa Canina propose d’arrêter le temps, de saisir un état de mûrissement et d’accomplissement de l’être en son enveloppe sensible.
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Paul Valéry écrivait : « Si vous saviez combien la peau est profonde. Oui, cela dépend comme on la caresse. Il y a des personnes qui vous effleurent comme une écorce et d’autres qui vous remuent jusqu’à la sève. Il y a des mains qui vous chosifient, vous bestialisent, et il y a des mains qui vous apaisent, vous guérissent, et quelquefois même vous divinisent. »
Des mains qui civilisent.
Des photographes qui ravissent.
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Des artistes de l’affleurement, de l’effleurement, et de l’incarnation.
L’oeuvre comme une plante alchimique appelée par les sorciers rosa canina.
Mathilda Olmi, Rosa Canina, textes Julia Widmann, Myriam Olmi, graphisme Claire Schvartz, coordination et editing Maxime Milanesi, Editions FP&CF/Ultramoderne, 2022 – huit cents exemplaires
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