La frivolité Carmen De Vos, photographe

©Carmen De Vos

Carmen de Vos est une artiste pratiquant l’amour libre avec ses photographies.

Travaillant la plupart du temps au Polaroïd périmé, son univers frôlant la pornographie est d’une sensualité troublante.

Elle photographie des anonymes, mais aussi de belles alanguies, le sentiment de l’existence se nourrissant chez elle de jeu, d’audace et de situations de dénudation.

©Carmen De Vos

A l’occasion de l’exposition inaugurale de la Otto Gallery, lieu créé par Dirk Demulder à Gand (Belgique), j’ai souhaité reprendre son livre le plus important, The Eyes of the Fox (une décennie de Polaroïds), dont la première photographie est celle, très belle, donnée dans un œilleton, du cul de la photographe.

L’impression générale est celle d’une boutique de curiosité de l’époque victorienne, espace où des femmes sans tabou peuvent exprimer et élaborer leurs fantasmes. 

On peut penser ici à l’œuvre de Renée Jacobs, certes moins baroque mais peuplée comme chez Carmen De Vos de démones innocentes aux pouvoirs déments.  

©Carmen De Vos

Ses femmes renardes nous invitent dans leur mise en scène, et nous repoussent d’un air dédaigneux.

Ce sont des religieuses sans culotte, adoratrices d’un Dieu cruel, vengeur, et voluptueux.

Qui connaît les bookzines érotiques TicKL, conçus par la photographe et la Britannique Zora Strangefields, a pu déjà apercevoir la silhouette et le corps de modèles assumant leurs désirs.

©Carmen De Vos

Carmen De Vos travaille avec le goût de la lenteur, prélude à toutes les effusions.

La formule augustinienne festina lente pourrait très bien lui convenir.

Oui, hâte-toi lentement de te déshabiller.

Oui, hâte-toi lentement de t’agenouiller.

Oui, hâte-toi lentement de te caresser.

©Carmen De Vos

L’image est trop parfaite ? Une goutte d’eau de Javel viendra la perturber, l’attaquer, l’exciter.

 « Carmen, avance Geert Stadeus, rédacteur en chef de Snoecks, n’étouffe pas le côté folâtre de son art. »

Les lumières sont mauves, bleues, vertes, ce sont celles d’une alcôve accueillant la nuit et les plaisirs des amant(e)s.

Les petites poupées gentiment perverses s’allongent sur le carrelage en talons aiguilles, repoussent les limites de la décence, puis se relèvent en riant.

©Carmen De Vos

Qu’avons-nous à craindre ? Christ est ressuscité, nous sommes sauvés, place à la joie et aux espiègleries.

Il y a beaucoup d’hommes aussi sur les îles indécentes de la photographe.

Offrez-leur des bas, des miroirs et des perruques, vous verrez à quel point le genre est plastique.

Rouge à lèvres, godemichet-ceinture, froufrous et fleurs fanées.

Soutien-gorge transparent, jambes dépliées, baignoires de lait.

Pistolet factice, chewing-gum, trident en aluminium.

©Carmen De Vos

On connaît trop peu dans le monde francophone les facéties érotiques de Carmen De Vos, un retard est à rattraper.

Lecteur, lectrice, festina lente.

Demain n’existe pas, mais l’écartèlement de l’instant où s’ouvrir à la liberté.

Carmen De Vos, The Eyes of the Fox, texte (anglais/ flamand/français) Geert Stadeus, [ander] – Zijds Publishing House, 2018, 208 pages

https://carmendevos.com/

https://carmendevos.shop/

©Carmen De Vos

https://carmendevos.shop/collections/frontpage/tickl-magazine

Exposition Carmen De Vos – 26 photographies – et Didier Gillis à la Otto Gallery (Gand/Gent – Belgique), du 18 novembre au 31 décembre 2022

https://didiergillis.be/fr/accueil

https://www.ottogallery.be/

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