Requiescat in pace, la vie, par Antonio Jiménez Saiz, photographe, et Laurence Skivée, écrivain

©Antonio Jiménez Saiz

« il y a un homme / il est équipé / il s’enfuit / il brille avec les morts / je m’accroche aux détails / nos mains se serrent / un Astre nous lie » (Laurence Skivée)

Cet homme-là danse avec la mort.

On peut l’appeler Antonio Jiménez Saiz, ou toi, ou moi, quiconque au fond sait que la vie est une transe, légère, forte et dingue, une hypnose, un mensonge.

©Antonio Jiménez Saiz

Il tourne avec elle, la regarde avec acuité, la circonscrit, lui offre un espace où déployer ses ailes grises.

Ce pas de deux ayant lieu tous les trois mois s’appelle La paix, nulle part ailleurs, dont paraît le numéro trois, accompagné de deux septains composés par Laurence Skivée – imprimés sur cahier rose non agrafé, comme un avis de naissance.

Cet homme-là danse avec son double, barricadé dans son imper, gisant debout.

Les polarités s’échangent : le photographe est le modèle, le modèle est le photographe, l’art est un espace à sculpter où s’apaiser enfin.

©Antonio Jiménez Saiz

Cet homme-là est toujours le même, et toujours différent, variation sur un même motif, une phrase musicale en somme.

Les mains ont vieilli peut-être depuis la première séance d’envoûtement, peu importe, elles tomberont bientôt en poussière, comme toi, ou moi, et comme lui le photographe priant avec son Mamiya.

Il y a quelques échappées, un décrochage sur une autre pièce, une zone noire s’imposant sur le visage comme un masque africain (dernière image), des pages ne montrant que la cendre du temps.

Cet homme-là est une allégorie de la pudeur, qui ne sait pas où poser ses doigts.

Sur un bouton, sur le trompe-l’œil d’une poche, sur son plexus solaire.

©Antonio Jiménez Saiz

L’enjeu est bien compris : il s’agit, trimestriellement, de lui voler son âme, pour lui restituer en quelques feuilles volantes.

Trente exemplaires, trente fois rien, trente fois le souffle de l’univers dans une tête, dans l’arête d’un nez, dans une bouche irrémédiablement close sur ses secrets.

Non, Madame si jolie, je ne peux plus vous aimer, depuis que vous êtes la Camarde devenue.

« il y a un homme / enfermé dans une chambre / se tient dans l’ombre double / l’œil brûlant qui perce / un détail – calme petite forme – / laissons-nous danser / une Main gouverne le ciel »

Antonio Jiménez Saiz, La paix, nulle part ailleurs, texte Laurence Skivée, 2022 – trente exemplaires numérotés

©Antonio Jiménez Saiz

https://laurenceskivee.be/

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