
©Auriane Kolodziej
Le temps chronométré est une illusion, mais cette illusion nous piège.
En se dévêtant, en se brisant, en s’enfermant dans une cage translucide, Auriane Kolodziej tente la traversée de son miroir intérieur.
Elle s’offre à la contemplation tout en se dérobant, une et multiple, inconnue toujours.
Son corps est mince, maigre même, mais il est d’autant plus en vie que les tissus se resserrent.

©Auriane Kolodziej
On pourrait d’abord croire qu’Auriane Kolodziej cherche la guérison, mais elle veut bien davantage, l’absolu de la non-séparation, une flambée d’être jusqu’à l’os.
Psychose, dépression, anorexie.
Joie folle, fêlure, art.
Avec un grand savoir-faire technique, l’artiste réalise des autoportraits qu’elle transfère sur des miroirs décapés qu’elle détruit ensuite à l’aide d’un marteau.

©Auriane Kolodziej
Des bris de son corps sont alors entourés d’un bloc de résine transparente.
Cette matière est une amniotique protectrice, un asile où flotter pour l’éternité en toute légèreté.
Quand existe-t-on vraiment ?
Pour passer comme Alice de l’autre côté du regard, ne faut-il pas d’abord vaincre la tyrannie d’une sorcière interne nous enjoignant à chaque instant d’être la plus belle ?

©Auriane Kolodziej
Il est peut-être nécessaire qu’un geste de déchirure advienne avec violence pour faire taire en nous l’orgueil.
Sur le chemin de Damas, Saül de Tarse tomba de cheval et ce fut l’illumination.
Il faut chuter, sombrer, et devenir comme lui tout un temps aveugle pour se transformer en apôtre de l’amour.
Auriane Kolodziej ne massacre son image que pour en chasser la dimension de persécution, repartant à zéro, tout en retrouvant en elle la dimension fœtale.

©Auriane Kolodziej
La beauté de ses œuvres procède d’une recherche de vérité.
Voilà pourquoi elle doit se dévêtir, et chercher à être plus nue encore, toujours davantage, toujours plus loin dans le don et le pardon pour tous.
La vraie vie nous est pour une grande part indéchiffrable, mais il y a des signes, et l’omniprésence du sacré.
En explorant l’énigme de la présence jusque dans l’absence, l’artiste de nécessité invite chacun à sortir de sa torpeur.

©Auriane Kolodziej
Oui, le temps nous dévore.
Oui, nos chairs flétrissent puis pourrissent.
Oui, nos jouissances sont la plupart du temps bien trop pauvres.
Et pourtant, Auriane Kolodziej nous le rappelle, il y a en nous du diamant, une possibilité de régénérescence, un corps de lumière pouvant croître hors de toute mesure.
Les écoles de mystère l’ont dit : « La seule raison d’être de l’être, c’est l’être. »

©Auriane Kolodziej
Auriane Kolodziej expose ses œuvres jusqu’au samedi 25 mars 2023 au Hangar Photo Art Center (Bruxelles)
https://www.hangar.art/mirror-of-self