Afghanistan, le pouvoir des fleurs, par Oriane Zérah, photographe

le

©Oriane Zérah

Le saviez-vous ? Les féroces, les impitoyables, les déments talibans, souvent très jeunes et volontiers sentimentaux, aiment les fleurs.

Ayant souvent voyagé en Afghanistan et séjourné plus de six ans à plein temps à Kaboul, Oriane Zérah ne souhaite pas en rajouter sur l’ignominie, surtout pas, mais complexifier un peu l’image que nous nous faisons des hommes afghans, en habits religieux ou pas, en transmettant un message de paix par l’accueil de la différence et de la beauté florale.

En Afghanistan, précise la photographe, même les check-posts policiers ou militaires sont souvent ornés de fleurs plantées.

Son livre publié à Marseille par Images Plurielles Editions, Des Roses sous les épines, est composé essentiellement de portraits d’hommes posant avec des fleurs, symbole associé au féminin en Occident.

©Oriane Zérah

« En Afghanistan, précise Alice Plane, il n’est pas impossible de trouver à l’improviste un groupe d’hommes accroupis. En s’approchant on réalise qu’ils forment un cercle autour d’une fleur solitaire, incongrue, poussant au cœur d’une pierre fendue ou d’une craquelure d’un sol trop sec. »

Considérer les hommes afghans sous un autre prisme que celui du mal soulage.

La douceur peut faire sourire, mais elle n’est pas mièvre.

©Oriane Zérah

Des barbus portant des bouquets de roses ? Eh, oui.

Un vieil homme portant un turban tout en respirant mélancoliquement une fleur de tournesol ? Eh, oui.

Un marchand éclatant de rire en brandissant des œillets ? Eh, oui.

L’économie de la fleur, très importante en Afghanistan, est aussi une métaphysique de la délicatesse intensifiant la puissance d’être.

La fleur, artificielle ou pas, pousse sur un vélo, une table, une rue, un toit, dans une échoppe, un camion, une moto, et au bout d’un fusil.

©Varial & Nadjari

Plaisir de poursuivre le voyage dans le Nord-Est de l’Afghanistan (corridor de Wakhan) avec les polaroïds en noir/blanc et couleur du duo Varial & Nadjari dans un très beau livre publié à New York en 2012, Traces of time, Memories of the Afghan Pamiris.

La texture colorée des polaroïds vieillis – des portraits de villageois – évoquent un monde passé, montrant des enfants ismaéliens, des femmes au foyer, des fumeurs d’opium et des chefs de village.   

L’impression générale est assez fascinante, les yeux des personnages semblant traverser la nuit des temps, dans une persistance de regard troublante.

©Varial & Nadjari

En habit traditionnel, un peuple très beau, fixant les photographes venus à leur rencontre, interroge l’ensemble de nos représentations.

A la frontière du Tadjikistan, les visages changent, et nous nous rendons compte que nous ne connaissons rien.

C’est une leçon d’humilité, et une chance.

Oriane Zérah, Afghanistan, Des roses sous les épines, textes Alice Plane, conception & mise en forme graphique Eric Bediez, direction éditoriale Abed Abidat, Images Plurielles Editions (Marseille), 2023

©Oriane Zérah

https://www.imagesplurielles.com/fr/accueil/109-des-roses-sous-les-epines.html

https://www.orianezerah.com/

Varial & Nadjari, Traces of time, Memories of the Afghan Pamiris, self published, New York, 2012

https://www.varialstudio.com/

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s