
©Hélène Amouzou
Alors que la distinction entre humain et non-humain, vivant et processus technologique, devient inepte, un corps s’impose.
Alors que le projet transhumaniste pense réalité augmentée, calcul intégral, façonnage de l’espèce, et état de guerre permanent contre quiconque oserait contredire ses plans déments, Hélène Amouzou se regarde frontalement, avec franchise, sans exhibition ni fausse pudeur.
Ce corps-regard ne vient pas de nulle part, mais du Togo.

©Hélène Amouzou
On peut le situer, le circonscrire d’éléments biographiques, mais peu importe puisqu’il est universel en ce qu’il témoigne du malaise de l’exil et d’une forme d’impossible, voire d’aphasie.
Entre le papier et le mur, livre publié avec un grand soin par Husson éditeur, et dont il faut découper les images pour en révéler pleinement les images, évoque une situation de réclusion et de détresse.
Une robe flotte, manches tendues, christique, en attente d’incarnation.
Où est-on lorsque l’on s’est éloigné de ceux qui comptent le plus pour nous et que l’on a perdu notre foyer ?
Hélène Amouzou photographie des fantômes.

©Hélène Amouzou
Sa présence nue est avalée par une tapisserie qui se desquame, et l’on songe à Francesca Woodman, qui n’est pas une référence qu’il aurait fallu copier, mais une sœur d’absence.
Il y a des valises, un grenier, des poussières de lumière, un être qui n’apparaît que pour disparaître dans une terrible mélancolie.
Les images sont en noir et blanc, montrant une femme perdue en des lointains intérieurs.
Il y a mimétisme entre le délabrement des murs où la photographe se dépose, et la fatigue psychique de qui cherche malgré tout à se sauver par l’art.

©Hélène Amouzou
S’il comporte une indéniable part d’auto-exorcisme, Entre le papier peint et le mur évoque le drame du déracinement entraînant une perte de substance.
L’artiste expose son intimité comme l’on hurle sans cri son besoin de reconnaissance.
L’image est précaire, le temps effacera les blessures comme les visages, mais quelqu’un aura existé, qui n’aura pas triché avec son être profond.
Des ombres dansent, ce sont des formes macabres, des faux d’épouvante.

©Hélène Amouzou
Hélène Amouzou se cogne contre des parois impitoyables, cherche des points de fuite.
Par ses autoportraits, cette femme enfermée tente la traversée d’elle-même, comme des murs qui l’enserrent avant de l’engloutir.

Hélène Amouzou, Entre le papier peint et le mur, texte de Jean-Marc Bodson, conception et réalisation Véro Rappez, Husson éditeur, 2009
Livre publié à l’occasion de l’exposition éponyme ayant eu lieu au Théâtre de Namur

©Hélène Amouzou
https://www.heleneamouzou.be/index.html
https://www.facebook.com/MichelHussonEditeur/?locale=fr_FR

©Hélène Amouzou
Hélène Amouzou participe au « Photography Festival » de Toronto (Canada), du 1er au 31 mai 2023 – exposition dans l’espace public au Metro Hall Panels
https://www.scotiabankcontactphoto.com/2023/artists/helene-amouzou
Exposition Voyages, d’Hélène Amouzou à Autograph (London), du 22 septembre 2023 au 20 janvier 2024