Milo, fleur du mal, par le photographe Nicolas Comment

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Avec MILO, Songbook, le photographe et chanteur Nicolas Comment – être un homme utile lui a toujours paru quelque chose de bien hideux – frappe une nouvelle fois très fort, en élégance, appel de la chair, délicatesse formelle.

Livre en cinquante images (de Milo, sa muse), quatre paysages, une nature morte et vingt-huit chansons (paroles d’albums), cet ensemble à la beauté vénéneuse se déploie comme un rêve érotique.

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Espiègle, femme fatale, fragile, serpentine, Milo est une hypnose. Elle apparaît, vous aimante, puis vous jette, sonné, sur une autre page, pas moins belle. Le désir est un rapport de forces.

Il y a de la pose bien sûr, une certaine forme d’arrogance, de la bouderie calculée, de la protection (Milo ne se donne, nue, qu’avec pudeur), de la part d’un modèle jouant de son pouvoir, manipulant son regardeur amant, arroseur arrosé, abîmé dans le culte d’une femme paroi, Wanderer piégé égaré dans le sublime.

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Chaque image est le fragment d’un récit donné sans volonté de continuité, soit l’érotisation des espaces que traverse avec noblesse la tentatrice dévêtue.

MILO est donc un chant, ou plutôt une élégie, quand le passage du temps est pressenti comme une flétrissure.

Publiant dans ce livre pour la première fois la totalité des paroles de ses chansons enregistrées en trois disques immédiatement remarqués par la critique (Est-ce l’Est ?, Nous étions Dieu, Rose planète) et quelques collectors, Nicolas Comment photographie comme il compose, par paronomases, échos sonores, tintements ténus de voiles levés, soulevés, écartés.

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Les très jolies femmes savent d’expérience que trop de beauté incarcère. Quand le corps est une cage ou nombre d’or (1m72, 92-66-90), savoir s’abandonner relève d’un impossible.

C’est exactement cette impossibilité que Nicolas Comment photographie, pour les quelques instants rares où Milo parvient à vaincre l’instrument même de son aliénation – comme un talon aiguille planté dans l’œil qui la contemple.

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Et chanter Je te vœux comme on lance un Te Deum dans la nuit.

Femme flamme, ficelée dans sa jupe fendue, Milo passe, noir pubis, Salammbô, ou djinn hugolien.

Entendre alors ceci : « Dans la plaine / Naît un bruit / C’est l’haleine / De la nuit / Elle brame / Comme une âme / Qu’une flamme / Toujours suit. »

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Les photographies de Nicolas Comment aux couleurs de rose poussière sont de l’ordre d’une jouissance sensuelle dans la société des extravagants.

Comprendre qu’il n’existe que trois êtres respectables : le prêtre, le guerrier, le poète.

Savoir, tuer et créer.

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Nicolas Comment, MILO, Songbook, chicmedias éditions, Strasbourg, 2016, 116p

Site officiel de Nicolas Comment

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Le travail photographique de Nicolas Comment est représenté par la galerie Polka (Paris)

Entrer chez Polka

Un commentaire Ajoutez le vôtre

  1. monfilmdusoir dit :

    Quel sublime duo, Nicolas & Milo… Tout ce qu’ils font se transforme en or, Musique, chanson, photo, vidéo.. Je ne peux m’empêcher de faire le lien entre Serge & Jane.

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