
Experimental Lake
(MACK, 2018). Courtesy the artist and MACK
En Ontario, dans le nord-ouest du Canada, des scientifiques venus du monde entier étudient le milieu des lacs.
Guillaume Simoneau, photographe natif d’un pays qu’il aime concevoir dans son envergure de monde premier, est allé à leur rencontre, documentant le travail des chercheurs munis de leurs appareils de mesure, mais surtout témoignant de la beauté d’une zone géographique paraissant indemne.

Experimental Lake
(MACK, 2018). Courtesy the artist and MACK
Le propos n’est pas ici de créer une tension artificielle entre le labeur des savants et la nature virginale, plutôt de rendre compte d’une même douceur liant les êtres et les choses, la culture et le territoire adamique, dans une expérience de lecture très sensorielle, de l’ordre de la montée d’un satori.
Aucune déclaration de guerre donc entre nature et science, mais l’ambition de comprendre ce qui se joue avec et autour d’un milieu aquatique abordé avec une grande délicatesse.

Experimental Lake
(MACK, 2018). Courtesy the artist and MACK
Y a-t-il eu un début ? Y aura-t-il une fin à de tels paysages ? Oui, bien sûr, probablement. Pourtant, tout semble là, en paix, posé calmement depuis une éternité.
Un chercheur prend le temps de peler sa clémentine (image double). Se hâter serait ne rien comprendre d’une relation anthropologique avec l’environnement se nouant profondément à la façon d’un don/contre-don.

Experimental Lake
(MACK, 2018). Courtesy the artist and MACK
L’art de Guillaume Simoneau est ainsi d’accueillir ce qui vient, simplement, et de ne rien troubler d’une écologie relationnelle très belle, salutaire.
Les scientifiques inventent des modèles interprétatifs, font des schémas, traitent numériquement les informations, réfléchissent aux assemblages moléculaires (première image), fabriquent des dispositifs ingénieux pour affiner leurs perceptions.

Experimental Lake
(MACK, 2018). Courtesy the artist and MACK
Des feuilles sont tombées sur l’eau, le soleil continue à se lever, des oiseaux remplissent l’air de leurs piaillements.
Experimental Lake (MACK, 2018) imagine alors en des images de tailles différentes, en couleur ou noir & blanc, un espace reflétant le bonheur d’être pleinement présent à un territoire paraissant préservé du mal social.

Experimental Lake
(MACK, 2018). Courtesy the artist and MACK
Mais Guillaume Simoneau n’est pas un rousseauiste béat, le génie humain ne le gêne pas, aucunement soupçonné ici de se mettre au service d’un désir dévorant de dévastation.
Quand il y a une tempête, il convient de se mettre à l’abri. Rien de plus, rien de moins. Nul besoin d’accuser les dieux ou d’insister sur la culpabilité des humains forcément fautifs.

Experimental Lake
(MACK, 2018). Courtesy the artist and MACK
Il est temps de se rendre au réfectoire, de partager un repas, de se dire ce que l’on a découvert, et de se taire quand la lumière vient soudain caresser notre visage.
Tout se déroule hic et nunc, au début du XXIe siècle, ou sur une autre planète, plus belle, plus rare, moins densément peuplée. Qui sait ?

Experimental Lake
(MACK, 2018). Courtesy the artist and MACK
Ici règnent les nénuphars, et la prospérité des araignées, dont les volatiles pressés feront un vrai festin.
La forêt est en feu, mais le spectacle n’a rien de désolant.
On prend une barque, la pousse jusqu’au milieu du lac, où l’on s’enchante discrètement de la vie, sereine et furieuse, se fichant bien de nos états d’âme.
Guillaume Simoneau, Experimental Lake, MACK (Londres), 2018