
L’Arcane sans nom est le huitième livre des éditions nonpareilles, fondées par Anne-Lise Broyer.
Un esprit de délicatesse guide ces ouvrages, pour qui l’exploration du Jadis est une manière de volupté.
Quels chemins des Arcanes à l’Arcadie, d’Ariane à Hermès Trismégiste ?

Quels chemins pour le temps retrouvé ?
L’appareil photographique, boitier de mélancolie selon Denis Roche, est aussi outil d’introspection, passe-muraille, possibilité de lever le voile.
Sabrina Biancuzzi a plongé dans des albums de famille, s’est approché de chaque image, les brassant, les embrassant, sans craindre le mystère, ni les desseins de la Providence.

Ce sont ceux d’une tapisserie ancienne dans une maison riche de ses fantômes.
Un beau visage s’endort, ferme les yeux pour que tout advienne.
Dans les corridors de l’inconscient, où poussent des arbres de matins d’hiver, il y a une main venant de naître, un bracelet d’hôpital comme un lierre, le sillon brun coupant le giron comme si depuis toujours, dans notre solitude même, nous étions deux.

Le silence règne, c’est le principe de la musique.
Une poignée de porte, un crucifix, un miroir photographiant le vide.
Arracher doucement les images à l’impossible.

Entrer dans le conte.
Perdre la mémoire, n’avoir jamais rien su, deviner les drames et les sourires.
Le blanc structure L’Arcane sans nom, comme si tout était à écrire, comme s’il fallait tout retirer pour que tout revienne.

L’œuvre au noir creuse la mémoire, trouve une voie entre deuil et présence.
Le temps froid déchire les facilités du jour.
L’ombre descend des grands arbres.

Les détails et l’inconnaissable sauvent les archives de la prétention de la condensation.
Un mystère d’amour repose dans la vapeur d’images.
Tout est sensible, tout est aveugle, tout est éloquence de parole muette.
Sabrina Biancuzzi, L’Arcane sans nom, poème de Sabrina Biancuzzi, éditions nonpareilles, 2019, 80 pages – 450 exemplaires
