
Il y a chez le photographe bordelais Anton Delsol la persistance d’une obsession pour le corps féminin, ses états de grâce, ses métamorphoses, sa monstruosité possible.
Croix sans amour est son troisième fanzine en quelques mois.
C’est une nouvelle fois la rencontre avec un modèle s’offrant sans retenue à son objectif, s’exhibant, prenant possession, yeux bleu gris grands ouverts, du regard de son contemplateur.

Anton Delsol cherche la fascination, l’hypnose, les ponts brisés.
Sur papier glacier, s’extrayant d’un noir très profond, un visage apparaît.
Il est d’une adorable sorcière, innocente, enveloppée par la nuit de ses cheveux.

Rouge à lèvres très rouge, piercing à la narine gauche, seins nus sous une veste en cuir.
Tenant très fermement un petit bloc de bois, Madame semble prête à se battre, et d’abord contre elle-même.
Le végétal heurte la chair, la contusionne, la fait rougir, l’exaspère.

Corps nu contre le béton brut, objets de fer ramassés dans la poussière, l’amour est un danger voluptueux.
Chacun est seul avec son désir, chacun s’offre un peu de solitude, chacun tombe en l’autre le temps d’une séance radicale de dévoilement.
Une ampoule glisse sur la toison du pubis, éteinte, allumée, éteinte.

Un fil électrique entre les lèvres.
Une décharge.
Une possibilité d’illumination.

Anton Delsol cadre très près, son modèle est une martyre, une sainte, une égarée, une diablesse agitant sa langue.
Il y a de la folie dans cette série, de la possession, du démon.
Madame s’appelle Charlotte, c’est aussi Lilith implorant qu’on la sauve, qu’on l’aime, qu’on la délivre d’elle-même.

Femme en Croix sans amour.
Photographe sans amour en croix.
Anton Delsol, Croix sans amour, fanzine autoédité, 2019

Pour se procurer Croix sans amour, contacter Anton Delsol sur Facebook