
L’Etat français est puissant, il peut certes davantage, mieux, accorder davantage de places aux artistes en les soutenant de façon accrue financièrement et logistiquement, mais, loin de la plainte sempiternelle, on peut souligner aussi l’importance et l’ambition de nouvelles initiatives qui réjouissent, ainsi la publication au Bec en l’air – avec le soutien du Ministère de la Culture – d’un ouvrage, pensé dans une parution annuelle, recensant les acquisitions en matière de photographie des nombreuses collections publiques de notre pays.
La mariée vous semblait dépenaillée ? elle est parée de riches atours.

Difficile de rendre compte en quelques paragraphes du catalogue raisonné + Photographie (inventaire des fonds acquis en 2017 et 2018), il faudrait un article universitaire, tant les esthétiques des œuvres retenues sont diverses, qu’il s’agisse d’une photographie datant des débuts du médium, des expérimentations de la modernité, ou des avancées conceptuelles contemporaines.
Une photographie très sophistiquée, ou pulsionnelle, intime ou de nature essentiellement historique, consciente de ses innovations formelles ou volontairement plus brute, sensuelle ou abstraite (les deux dimensions peuvent très bien cohabiter, n’est-ce pas ?), montrant le peuple ou les bâtiments, des faits sociaux ou des images mentales, avec humour ou sérieux.

Conçu comme un objet de valorisation du patrimoine photographique en France, + Photographie va s’avérer très vite indispensable, première exposition sur support papier de collections parfois dormantes ou difficilement visibles, créant immédiatement l’appétit des amateurs et chercheurs : voir ces œuvres de visu, en savoir davantage sur les auteurs, les parcours, les choix, constituer de nouveaux ensembles inédits.
Nous sommes dans les réserves des Frac (fonds régionaux d’art contemporain), du Cnap (Centre national des arts plastiques), des musées, des bibliothèques, des associations ayant un rayonnement national, régional, département ou municipal, et c’est fabuleux.

La liste – je la veux complète – des institutions présentées procure un bienheureux vertige : Frac Lorraine, archives de Paris, archives départementales de la Gironde, archives départementales de Haute-Savoie, Archives départementales d’Indre-et-Loire, Archives départementales de la Mayenne, archives nationales, archives territoriales de la Martinique, Bibliothèque Historique de la ville de Paris, Bibliothèque Universitaire de la Sorbonne, Bibliothèque Méjane d’Aix-en-Provence, Bibliothèque municipale d’Angers, Bibliothèque municipale de Besançon, Bibliothèque municipale du Havre, Bibliothèque Nationale de France – département des estampes et de la photographie, Cnap, Département du Var – collection d’art contemporain, EPCC Musée Soulages, Rodez, Frac Bretagne, Frac Champagne-Ardenne, Frac Corse, Frac Franche-Comté, Frac Grand Large – Haut-de-France, Frac Normandie-Rouen, Frac Nouvelle-Aquitaine, Frac des Pays de la Loire, Frac Poitou-Charentes, Frac Provence-Alpes-Côte-d’Azur, Frac Réunion, Historial de la Vendée, Institut d’Art contemporain, Villeurbanne / Rhônes-Alpes, La Cinémathèque Française, Le COMPA – Conservatoire de l’agriculture, Les Abattoirs, Musée-Frac Occitanie Toulouse, MAC VAL – Musée d’art contemporain du Val-de-Marne, Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine, Médiathèque d’agglomération Michel Crépeau, MUCEM, Musée de l’Abbaye-Sainte-Croix, Les Sables-d’Olonne, Musée de l’Armée, Musée d’art contemporain de la Haute-Vienne, Musée d’art et d’histoire du judaïsme, Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Etienne, Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg, Musée d’art moderne de Paris, Musée d’arts de Nantes, Musée des Beaux-Arts, Calais, Musée de Bretagne, Musée Carnavalet, Musée Charles Friry, Remiremont, Musée des Cordeliers, Musée départemental Albert et Félice Demard, Musée départemental Albert-Kahn, Musée départemental breton, Musée français de la photographie, Musée de la Grande Guerre, Meaux, Musée d’Histoire de la ville et d’ethnographie du pays malouin, Musée de l’image – ville d’Epinal, Musée de la Libération de Paris – Musée du Général Leclerc – Musée Jean Moulin, Musée municipal d’art et d’histoire de Pontarlier, Musée national d’Art moderne – Centre de création industrielle / Centre Pompidou, Musée national des Arts asiatiques – Guimet, Musée national du sport, Musée Nicephore Niépce, Musée d’Orsay, Musée du Quai Branly – Jacques Chirac, Musée de la Résistance et de la déportation de Besançon, Musée Rodin, Palais Galliera, Photothèque Augustin Boutique-Grard – Département du musée de la Chartreuse, Reims, Bibliothèque municipale.

Partout, on regarde, sélectionne, achète, conserve.
Partout, on prend soin, répertorie, classe de manière scientifique.
Partout, l’art est pris très au sérieux, comme une donnée essentielle du biotope de la civilisation.

Pour chaque institution, + Photographie offre la liste des acquisitions, la vision de cet ouvrage ouvrant sur une variété de genres et de styles remarquable – le panorama des œuvres reproduites n’est cependant pas exhaustif, le volume aurait été trois fois plus imposant encore.
« Créée à l’été 2017, précise Sylviane Tarsot-Gillery, sa directrice générale, la Délégation à la photographie au sein de la Direction générale à la création artistique du ministère de la Culture, a pour mission de coordonner au niveau national les politiques culturelles en faveur de la photographie. »
+ Photographie conçoit son existence comme un rendez-vous annuel, un bilan enthousiasmant du travail des conservateurs et diverses commissions présidant aux décisions d’achats.

Mentionner le nom de tous les artistes serait judicieux, évident, nécessaire, mais il y en a tant (Rajak Ohanian, Anne et Patrick Poirier, Valérie Jouve, Wolfgang Tillmans, Charles Nègre, Auguste et Louis Lumière, Robert Demarchy, Mathieu Pernot, Claude Iverné, Oscar Munoz…), et nombre de méconnus (Céline Laguarde, Frédérick Holland Dayque, Sardi, Florent Meng, Sony Sanlé…) que je renvoie le lecteur à la consultation de ce livre précieux.
Il y a ici beaucoup de merveilles, il faut prendre le temps de les contempler.
+ Photographie, les acquisitions des collections publiques, introduction de Franck Riester, préface de Sylviane Tarsot-Gillery, direction Sylviane Tarsot-Gillery et Béatrice Salmon, comité scientifique et éditorial Sylvie Aubenas, Françoise Denoyelle, Sylvie Müller, Nicolas Engel, Véronique Souben, direction de la publication Marion Hilsen, Laurence Madeline, Anaïs Feyeux, Elsa Bachelard, conception éditoriale Laurence Madeline, Editions Le Bec en l’air (Fabienne Pavia et Dominique Herbert) / Ministère de la Culture, 2020, 240 pages – on observera la présence remarquable (remarquablement majoritaire) et enthousiasmante des femmes dans ce projet


Cher Fabien m’ y avez vous trouvée ? Merci bonne journée Florence Chevallier
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