© François Halard
Au commencement de l’Occident était la Grèce, ses statues polychromes blanchies par le temps, son ciel azuréen, la dilution du moi dans l’étendue liquide des eaux qui la bordent.
Le temple de Délos éblouissant Heidegger, un éclair, l’apparition d’Apollon, un marcheur portant de belles cnémides.
© François Halard
Une grandeur passée, géniale, occultée, pourtant toujours disponible.
Faulkner le mythologue : « Le passé ne passe pas, il n’est même pas passé. »
© François Halard
Les dieux ne nous ont pas quittés, nous les avons fait fuir, ils sont encore là, parmi nous, dans un bosquet, une rivière, un enclos, une clairière, attendant simplement que nous les appelons de nouveau, en prière, en chant, en intensité de feu intérieur, et leur demandons de nous être favorables.
Par ses objets de culte, ses cratères, les œuvres manifestant sa puissance, la Grèce est partout, à Boston, au Vatican, à Copenhague, à Paris, à Lisbonne.
Dans un verre de vin accueillant Dionysos.
© François Halard
Dans un livre d’histoire de l’art posé sur la table de chevet d’un enfant par un parent bien intentionné, entre un Smartphone et un manga.
L’écolier découvre Praxitèle, la mythologie et le scintillement de la mer Egée.
Séléné, Aphrodite, Déméter, Thétis, Athéna, Artémis, vous êtes encore superbes après un repos de plus de deux mille ans.
© François Halard
Une carte de géographie, des Polaroïds, deux ouvrages du mage Christian Zervos ouverts à n’importe quelle page (L’Art en Grèce, Naissance de la civilisation en Grèce) relancent le grand voyage.
François Halard, photographe, chasseur d’images, sera cette fois notre cicerone, notre éveilleur, notre messager psychopompe.
On se souvient peut-être de son travail remarqué sur la villa Malaparte à Capri.
© François Halard
Proche du peintre Cy Twombly, cet homme vivant une partie de l’année sur l’île de Symi a du goût, et un sens inné de l’élégance cultivée.
Son livre publié dans la collection Fashion Eye de Louis Vuitton, Greece, est un hymne somptueux à un pays ayant la dimension d’une civilisation.
L’artiste ouvre ses archives, et rien n’a jamais été plus neuf, à la fois aussi intime et exemplaire.
© François Halard
La Grèce est une pure image, une fiction, mais aussi une chair à étreindre, des sculptures à baiser, des oliviers à adorer, une mer où se perdre.
Des icônes, des hôtels aux fenêtres donnant sur le bleu, des chèvres parmi les ruines de ses villes oubliées.
« Ni les vieillards, ni les esprits moroses ne semblent enclins à l’amitié », écrit Aristote.
© François Halard
Amical est Greece, livre de jeunesse éternelle habité de présences discrètes (Henry Miller, Lawrence Durrell), d’élans paisibles, de voluptés offertes à tous.
L’église orthodoxe ne nie pas la sensualité de l’existence, mais s’y adosse, ses fresques écaillées invitant par l’exaltation de leurs couleurs à méditer longuement sur la force de l’éphémère.
Qu’il soit antique ou plus contemporain, François Halard rend perceptible le sacré, dans le visage poli d’un dieu mutilé, ou la pierre disjointe d’un amphithéâtre.
© François Halard
Le propos n’est pas ici d’évoquer les turbulences du temps, la barbarie en cours, mais de rappeler des intensités de lumière, et de maintenir ouverte la possibilité d’un futur désirable ne niant surtout pas le passé.
François Halard est un esthète, dont le livre grec est un lieu de haute densité sensible.
François Halard, Greece, entretien avec Patrick Remy, direction éditoriale Julien Guerrier, Louis Vuitton, collection Fashion Eye, 2020
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