Merde aux bourgeois, par Kjell-Åke Jansson, photographe

Je ne sais pas qui sont ces gens, hommes et femmes, rassemblés en Suède, pour un festival de la déglingue, mais les personnages peuplant Burnout, premier livre de Kjell-Åke Jansson, sont sacrément fous, vulgaires, cramés, ce qui me le rend plutôt sympathiques.

C’est le carnaval, c’est l’orgie, c’est la bière et le sexe.

C’est la Power Meet annuelle ayant lieu à Västerås, cinquième plus grande ville de Suède située sur le lac Mälar.

Il faut bien décompresser un peu non ?

La société nous rend fou, le management de nos supérieurs est une science de la torture, nous allons tous craquer tôt ou tard, il faut devancer l’appel.

Prises entre 1994 et 2012, les images de Burnout sont assez sidérantes – les montrer à Simon Vansteenwinckel s’il ne les connaît pas : des voitures en bout de course – une surenchère dans le mauvais goût et le tuning façon cradingue –, des gros durs torse-poil, des tatouages, des masques, des cylindrées rugissantes.

La fureur de vivre est désormais un film d’horreur.

On transporte des poupées gonflables sur le toit de sa voiture, ou des mecs en plastique bandant dur pendant des heures.

On n’est pas là pour sucer des glaçons, mais se baiser à fond sur l’herbe sèche, dans les tentes et à l’arrière des voitures.

Obédience politique ? celle des bikers et des filles aux seins nus, des petites pépées bien roulées et des mecs s’appliquant des tartines de gel.

On commence à boire très tôt, très vite, la caisse américaine devient une poubelle, un cimetière de canettes écrasées.

Le regard des autres ? Il excite et on s’en fout.

On sort le zgeg pour pisser devant tout le monde, on rote, on se roule dans la boue.

Place au n’importe quoi, aux drapeaux suédois et aux insignes nazis, au look Elvis Presley et aux bikinis trop petits, aux mains sur les fesses (encore mon salaud) et aux bouteilles de vodka.

Les Sudistes sont de sortie dans le grand Nord protestant, bigot et vertueux.

Maintenant, place à la jupe cul nu et à l’ivresse, aux strings pour hommes et aux tenues d’infirmières perverses, aux caravanes taguées et aux baisers baveux.

Les invisibles sont de sortie, le slip bourré de paille et l’envie de se déchirer.