©Marc Biscarrat
« Sur nos fronts l’orage, sur nos lèvres l’orage, et pourtant tout reste à dire de cette percée dans l’obscur. Dire qu’un aède habita des cieux teintés de foudre, d’insomnie. Dire ce nom qui s’efface, les grands retours, l’homme, en retrait, qui pleura. »
C’est entendu, nous accédons chaque jour à un point de non-retour qui s’approfondit, s’intensifie, s’amplifie.
Le bel aujourd’hui ? Oui, peut-être, mais alors à la façon d’Etty Hillesum et de Rosa Luxemburg incarcérée à la prison de Breslau célébrant l’absolu de la vie.
Dans la dépossession, il nous reste l’antériorité d’une parole d’incarnation, la force d’un verbe peu fragile aux soubresauts du jour.
« Mais qu’est-ce à dire et qui vient vers nous ? Tout un passé fait des foulées des rois de légende ; toute une histoire d’incendies, de meurtres, d’anathèmes. Pourtant, de tout temps, des hommes reçurent, dans la parole, appui et résidence. Ils nous sont rares et précieux. »
Je lis ainsi le recueil de poèmes et de pensées, de poèmes-pensées, de Thibault Biscarrat, Une Couronne d’Orage, suivi de Beauté et de Royauté.
J’y retrouve cette façon spéciale, à travers Hésiode, Pindare, Héraclite et Hölderlin, qu’a l’ami Marcelin Pleynet de frapper à la porte de l’éternité et des mystères indo-européens.
©Marc Biscarrat
Nous sommes jetés dans les flammes, et nous ne périssons pas.
La poésie est buisson ardent, ou n’est rien.
Nous cheminons à l’aveugle, cherchant la voix au milieu du ravage, un chant d’écart et de présence.
Que le jaillissement de parole soit notre boussole.
« C’est la sauvage beauté de l’ascèse qui précède la montée du souffle, de l’écrit. »
Il nous faut un lieu, des bras, des baisers, des cheveux déroulés, des langues de métamorphoses.
Rien ne cesse qui n’a commencé.
Il y a des passages, la mer peut s’ouvrir, elle est d’ailleurs rouge depuis toujours.
Dans le désabritement, il y a la possibilité de la venue d’un Dieu.
Oh chers amis, chers quelques-uns, tenons ferme la couronne et la stupéfaction d’avoir reçu le vivant amour.
©Marc Biscarrat
Thibault Biscarrat, dont le lexique est volontairement resserré, cailloux de même rivière, écrit l’Ouvert, la beauté des éclairs, les embrasements, le torrent du Poème infini, qui cite Lautréamont : « (…) la sonorité puissante et séraphique de la harpe deviendra, sous mes doigts, un talisman redoutable. »
Une harpe de colère et d’extase d’Ancien Testament : « Une femme danse au son du tambour qu’elle effleure de ses mains. Un cheval précipité dans la mer, les eaux s’amoncellent tout autour. Les courants, les flots sont comme des murailles. Une femme danse au son du tambour pour qu’éclate la gloire de son Seigneur. »
Se coucher sur l’autel de ce qui est, agneau de sacrifice, agneau sauvé.
Quelqu’un vient, jardinier, pauvre hère, sainte putain, chien de bandit.
Quelqu’un sort du rocher, de l’arbre, du sexe de la nuit.
C’est un messager de faveur.
Nous avons manqué aux lois de l’hospitalité, nous sommes damnés, nos rêves sont courts, sales, iniques.
Nous attendons d’être mordus par la lumière, nous sommes foudroyés, nous léchons à genoux le pilier froid d’une église romane.
Enfant bêtement grandi, éveille-toi.
« Le temps des moissons approche, les yeux flambent, un chant circule de bouche en bouche. Les hommes chantent ce qui se chantait jadis. Le sang brûle, les nerfs sauvages s’enracinent. »
Fleur, miel, source vive.
Tresses de cendres et chevelure brune.
Parfum, oiseaux, os et chair.
« Où fut trouvée la coupe ? / que l’on présente l’homme / qu’il déchire ses vêtements »
Thibault Biscarrat, Une Couronne d’Orage, suivi de Beauté et de Royauté, couverture Marc Biscarrat, Ars poetica, 2021, 108 pages
Livre disponible en librairie, ou écrire à : arspoeticaeditions@gmail.com
Pour une fois, je suis déçue de votre note de lecture. J’ai lu au moins trois livres de Biscarrat que je trouve pieux, ennuyeux et d’une béatitude insupportable. Sa « poésie » est un copier-coller éhonté de ses lectures qu’il affiche au fur et à mesure sur sa page Facebook. Sa « mystique » pastichée n’est qu’un ramassis de redites (comptez sur son dernier livre les entrées du mot « Dieu », « sacré », « parole », « Je » et vous verrez). Aucun vrai souffle là-dedans, aucune force, aucune singularité : sa « poésie » sent le renfermé et le vieux cliché. Dommage que vous consacriez un article à ce talisman en plastique qui n’a rien de redoutable.
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