©Alisa Resnik
Chez Alisa Resnik, les personnages ont quelquefois la tête à l’envers, peut-être parce que chez cette photographe russe la nuit de la contre-vie est plus belle que le jour.
Plus intense, plus secrète, plus vraie.
En 2013 paraissait chez Actes Sud L’un L’autre, ouvrage lauréat du vingtième prix de l’édition européenne de photographie.
©Alisa Resnik
C’est un livre atemporel, il peut inaugurer l’année 2022.
En exergue, cette pensée superbe du philosophe Emmanuel Lévinas : « Rencontrer une personne veut dire être tenu en éveil par une énigme. »
Née à Saint-Pétersbourg, émigrée à Berlin en 1990, Alisa Resnik fait de la nuit un théâtre où errent des êtres de cire, vaguement voyous ou clochards célestes, et des femmes nues habillées simplement d’une fourrure de renard tombant sur leur poitrine comme une étole de reine.
©Alisa Resnik
L’obscurité est propice au débordement, à la folie, à la clandestinité, à la mélancolie.
Ivresse, rites étranges, attente de Dieu.
On chante, on crie, on se réconforte, on se regarde comme s’il s’agissait de la dernière fois.
Feux, baisers, sommeils soudains.
©Alisa Resnik
Blancheurs de ténèbres.
Hantises.
A l’instant de la prise de vue, l’air semble manquer, le paysage paraissant entrer dans une apnée profonde.
L’omniprésence du noir est amniotique, écrin des songes et des présences premières.
©Alisa Resnik
Les veilleurs de la nuit ont des corps bizarres, des désirs d’absolu et des yeux épuisés.
Portraits, natures mortes, cages d’escaliers, carnaval des animaux.
Un cheval harnaché hennit.
Qu’a-t-il vu ? Qu’a-t-il pressenti ?
©Alisa Resnik
On se bat contre la mort, contre soi, contre tout.
L’aube viendra peut-être.
Alisa Resnik, L’un L’autre, poème Will Carruthers, texte Jeremy Mercer, coordination éditoriale Kehrer Heidelberg Berlin (Daniel Sommer), iconographie Alisa Resnik, Adam Cohen, Damien Daufresne, photogravure Claire Jouvet, Jürgen Hofmann, Patrick Horn, conception graphique Anja Aronska, fabrication Tom Streicher, Actes Sud, 2013
©Alisa Resnik
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