©Renée Jacobs
Baudelaire a-t-il tout dit de la beauté et de la dangerosité des femmes ?
« bijoux perdus de l’antique Palmyre »,
« parfums frais comme des chairs d’enfants »
« amante des palais » aux « épaules marbrées »
©Renée Jacobs
« Je suis belle, ô mortels ! comme un rêve de pierre, / Et mon sein, où chacun s’est meurtri tour à tour, / Est fait pour inspirer au poète un amour / Eternel et muet ainsi que la matière »
« appas façonnés aux bouches des Titans »
« cheveux bleus, pavillons de ténèbres tendues »
« bouche de fraise »
©Renée Jacobs
« timide et libertine, et fragile et robuste »
Oui, Baudelaire a peut-être tout dit, mais il est un homme.
Qui sont les femmes dans le regard de Renée Jacobs, talentueuse photographe de nus féminins née à Philadelphie ?
Les photographiant dans un livre de grande sensualité dont paraît la seconde édition, sobrement intitulé Paris, l’artiste regarde des sœurs, des amantes peut-être, des horizons de désir.
©Renée Jacobs
Mais que font-elles tandis que nous dormons ou poursuivons notre vie de somnambule ?
L’une a descendu le tissu qui couvre sa poitrine sous la rotondité d’un sein voluptueux.
Une autre, regard franc, observe l’objectif, jambes décroisées ouvertes sur le mystère d’une toison enténébrée.
Elles dorment parfois ensemble ou s’étreignent, le champagne leur va bien.
©Renée Jacobs
Des simulacres de caresses, une intimité donnée sans fard, un appel cruel.
Elles osent tout, se déshabillent en pleine rue, Paris est leur écrin.
Renée Jacobs chante avec elles l’éternel féminin, l’audace, la provocation, mais aussi l’innocence, la douceur, le jeu.
L’érotique est la continuation de la métaphysique par d’autres moyens, on contemple ses modèles, on les rêve, tout est propice aux caresses des yeux.
©Renée Jacobs
Elles ne craignent pas de s’exhiber, bien au contraire, ce sont des louves inaccessibles nous partageant leur grâce.
Une terrasse, un bar, un restaurant, un hôtel, une rue, tout est favorable à l’amour pour qui connaît les délices de la jouissance multiple.
On ne fait pas ces choses-là, on ne relève pas sa jupe au-dessus de son pubis, on n’ouvre pas son manteau sur une poitrine nue, on ne se caresse pas en plein milieu d’une foule.
Non, on ne le fait pas, mais lorsqu’on le fait, comme chez Renée Jacobs, tout devient féérie.
Renée Jacobs, Paris, text Prof. John Wood, éditor Alexander Scholz, design Susanne Weigelt (Leipzig), édition Galerie Vevais, 2022
©Renée Jacobs