En Arcadie, par Letizia Le Fur, photographe

©Letizia Le Fur / Rue du Bouquet

Il faut aller au paradis de notre vivant.

Tout autre dessein me paraît dément.

Il faut entrer dans une peinture de Maurice Denis ou de Pierre Bonnard, et se glisser doucement dans l’eau et les couleurs, près de Marthe au corps gracile.

©Letizia Le Fur / Rue du Bouquet

Il faut la confusion de tous les temps, la nature naturante, le mandala du vivant.

L’origine du monde est un sexe de femme, mais c’est aussi, ou d’abord, la fente immense se dessinant dans l’espace quand les yeux des amants s’accordent.

Avez-vous eu la chance d’aimer, vous ?

©Letizia Le Fur / Rue du Bouquet

Poursuivant son travail intitulé Les métamorphoses – deuxième volume, plus généreux encore en pagination et qualités de papier que le premier, paru aux éditions Rue du Bouquet -, Letizia Le Fur situe son art du côté du jardin d’Eden et du corps masculin désiré simplement, sans concupiscence, parce qu’il est beau et que le contact de la douceur virile contre les rochers du chaos primitif est l’une des formes, très intense, du désir.

Le regard d’Aphrodite est un bouquet de fleurs sauvages capiteuses.

©Letizia Le Fur / Rue du Bouquet

Les arbres tremblent, quelque chose va se passer, n’aie pas peur, petit d’homme, tu es désigné, tu es un élu.

La lune est un fétu de paille coincé entre les cuisses du ciel.   

Un homme nu pénètre dans la mer, disparaît dans les fougères liquides, lui-même racine, cimaise ou fût de pin.

©Letizia Le Fur / Rue du Bouquet

La musique est celle d’un gloria in excelsis Deo, main tendue dans la nuit, prière et danse d’une arche végétale.

L’utilisation du flash magnifie le chromatisme, le secret du bonheur est un bain de couleurs.

Eros est un camaïeu de rose, une sente de mauves ouvrant la nuit à la possibilité d’une extase.

Sur le territoire inviolé de l’île des amants, le sexe n’est pas un pouvoir, mais un don, un accueil, une exubérance florale dégorgeant de pistils frémissants.

Pour rien, pour la gratuité, pour l’innocence.

©Letizia Le Fur / Rue du Bouquet

Il y a çà et là des pluies d’or, des signes supérieurs, des présences animales discrètes.

Il y a sur l’argenté des pages centrales des incongruités minérales, un dialogue dans l’incommensurable, des happenings rocheux.

L’agave lui-même, si impeccable dans son habit de royauté, semble un prélude à la volupté.

©Letizia Le Fur / Rue du Bouquet

« Rien ne semble vrai dans ses images, écrit en postface Gilou Le Gruiec, mais paradoxalement nous y reconnaissons notre lien fondamental au cosmos, à la puissante magnificence de la nature – autrement dit, nous y opérons un retour à l’essentiel et à ce qu’il y a de plus simple au monde : la mer, la terre, le ciel, seulement… »

Et un corps nu contemplé par un(e) aimé(e).

Letizia Le Fur, III. Les métamorphoses, texte Gilou Le Gruiec, design Bizarri-Rodriguez, séquence Claire Huss, Editions Rue du Bouquet, 2022 – 800 exemplaires, dont 200 en coréen en coédition avec Same Dust

https://www.ruedubouquet.fr/product/les-metamorphoses-letizia-le-fur

©Letizia Le Fur

https://www.letizialefur.com/

©Letizia Le Fur / Rue du Bouquet

Letizia Le Fur est représentée par la galerie Laure Roynette, Paris

https://www.laureroynette.com/lefurletizia-oeuvresdisponibles

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