La métamorphose d’une mère, par Ian Dykmans, photographe, et Aliette Griz, écrivain

©Ian Dykmans

Ian Dykmans voit.

Il voit la vie dans la mort, la mort dans la vie, un visage dans un arbre, un arbre dans un visage, une mosquée dans un lac, un œil géant dans une pierre.

Il n’y a pas chez lui de séparation, mais une sensation d’unité entre les êtres, humains ou non.

Edité dans le cadre de la 2eme Biennale de photographie de Molenbeek (Belgique) – ah, que ne puis-je me rendre immédiatement au château du Karreveld -, mis en page par Joseph Charroy, La Chambre évoque la disparition de la mère du photographe.

©Ian Dykmans

C’est un hommage, un tombeau, une conversation avec un fantôme.

Les mots de l’écrivain Aliette Griz accompagnent les images, d’une forêt bruissant de présence, de fûts éclaboussés de lumière.

L’amour est la clef de voûte, l’oublier n’est qu’un effet du malin.

Une femme nous regarde, une mère disparaît, qui bientôt reviendra nous visiter en poussière de papier.

©Ian Dykmans

L’œuvre de Ian Dykmans se situe du côté des métamorphoses.

Qu’est-ce qu’être fils dans le regard de celle dont nous avons déformé le ventre ?

Comment hériter ?

Souffre-t-on des drames familiaux que nous n’avons pas vécus ?

Peut-être devient-on pafois photographe pour ne pas oublier le visage de ses proches, comme on est un veilleur.

©Ian Dykmans

Aliette Griz écrit de façon intense : « Il n’y a pas de tabou et tout de tabou il y a des heures obscènes dans des mondes pas prêts à regarder. Il y a de la gélatine dans les yeux. Il y a l’interdiction du corps mort et l’obligation à mourir un jour, assortie de la catastrophe de ne pas pouvoir s’y préparer. Il y a toutes les photos de toi, toutes les photos de moi, qui sont une histoire à raconter. Et les impressions qui se superposent parfois. »

La pellicule est périmée, l’image se dégrade, le visage aimé est devenu herbe haute, frondaison, pluie d’atomes, brume.

On meurt la tête à l’envers, de l’eau fraîche coule dans une fontaine de village, on est ressuscité.

©Ian Dykmans

Sur son lit mortuaire, la mère est devenue une barque, véhicule d’au-delà.  

Dans l’espace clos de la chambre de douleur, Ian Dykmans a perçu quelque chose de l’ordre de l’infini, et nous l’offre en partage.

Ian Dykmans & Aliette Griz, La Chambre, mise en page Joseph Charroy, 2023

http://fr.iandykmans.be/

Opuscule réalisé dans le cadre de la 2eme Biennale de photographie de Molenbeek, Quand le peu importe, présentant cette fois des duos écrivain/photographe

Photographes exposés (pour certains habitués de L’Intervalle) : Annick Blavier, Anne-Sophie Costenoble, Anne De Gelas, Ian Dykmans, Rozafa Elshan, Cristina Epure, François Goffin, Philippe Herbet, Antonio Jiménez Saiz, Marguerite Lagage, Sébastien Marcq, Marina Piérard, Hélène Petite, Chantal Vey

Ecrivains : Brigitte D’Hainaut, Anne De Gelas, Jean-Paul Dessy, François Emmanuel, Claire Gatineau, Aliette Griz, Carl Havelangue, Philippe Herbet, Paul Hermant, Fabien Lafontaine, Caroline Lamarche, Axel Pleeck, Rachel Sassi, Sandrine Tilman

Commissariat Arnaud Matagne

©Ian Dykmans

https://www.visit.brussels/fr/visiteurs/agenda/event-detail.Biennale-of-Photography-of-Molenbeek.552655

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