
©Tiffany Roubert
Eros est la grande affaire, non ?
Non pas l’érotisme qui ne cherche que son assouvissement, mais la grande et belle et vaste énergie primitive, celle qui court sous différentes formes de Platon à Giono, et de Sappho à Yannick Haenel.
Pour ce lundi de Pâques où se renouvelle notre œuf intérieur, je vous propose de découvrir l’œuvre intime de Tiffany Roubert, qui vit ses passions entre Londres et le Brésil.
La photographe est d’abord un œil-objectif, et une ombre, dont les autoportraits ponctuent le fanzine autopublié intitulé In-between.

©Tiffany Roubert
Les images sont issues de films argentiques ou du calcul numérique, mais peu importe, puisqu’ici compte avant toue la sensation d’existence.
In-between est un éloge de la présence, du corps féminin, de la complicité entre femmes.
Beauté d’une amante nue que réveille la lumière déjà ardente du petit matin.
Beauté de regards échangés dans la clarté du désir.

©Tiffany Roubert
Tiffany Roubert contemple ses modèles avec beaucoup de douceur.
Rien n’est appuyé, l’effleurement est une loi, il ne faut surtout rien brusquer des moments de grâce.
Comme chez Renée Jacobs, Angélique Boissière ou Dinaya Waeyaert, la sororité se décline en franchise de situations, dans l’émulsion des corps devenus art.
Il faut peut-être un tiers pour que l’amour perdure, une triangulation, dont l’une des pointes est ici celle d’un appareil de vision.
Une femme nage ou danse dans la lumière, le sommeil fait descendre des pépites d’astres dans l’enveloppe humaine étourdie, le mur de brique va bien avec la femme qui s’étreint dans le plaisir.

©Tiffany Roubert
Des chaises attendent sur une plage comme chez Luigi Ghirri, et la vie se passe au lit.
In-between offre du repos et des merveilles de sensualité, le calme y règne, promesse des caresses les plus voluptueuses.
Christ est mort, Christ est ressuscité, un corps nous a été donné, dont la jouissance n’est pas un réflexe de propriétaire mais une preuve de joie pour tous, ou le défi d’un rire d’aise dans un monde de turpitudes valorisées.

Tiffany Roubert, In-between, 2022

©Tiffany Roubert

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