Etel Adnan, Paysage, 2014. Huile sur toile, 32 x 41 cm. Donation Claude & France Lemand 2018. Musée, Institut du monde arabe, Paris. © Etel Adnan. Photo Jean-Louis Losi « Nul d’entre nous n’est égal au total exact de ses apparences. » (Paul Valéry, Introduction à la méthode de Léonard de Vinci) Mes lecteurs réguliers ont peut-être…
Étiquette : Beckett
Les années pompes funèbres, par François Durif, écrivain
Untitel, Donald Judd, Marfa, Texas, 1984 « Pour quoi êtes-vous ici ? » (Robert Filliou) Vide sanitaire, de François Durif,est un livre de plis, de ballottements dans les forces contraires, de déplacements intimes, et de dialogue fin entre les vivants et les morts. « Mon récit risque d’être morcelé, je vous préviens – dans ma tête, un rond-point/ Ne…
Le monde discret, par Antonio Jiménez Saiz, photographe, et Maxime Steiner, musicien
©Antonio Jiménez Saiz Il faut absolument écouter la musique de Maxime Steiner en contemplant les images du deuxième volume de la série La paix, nulle part ailleurs, composé par Antonio Jiménez Saiz. Il s’agit d’une boucle musicale de nature hypnotique, à la façon d’un mantra que l’on pourrait entendre dans un ashram tenu par des…
Une immense fissure, du silence en poésie, par Stefan Hertmans, écrivain
« Au cœur de la radicalité littéraire réside en fait non pas le cri d’Artaud, mais le mot impossible de Celan. » Le Gantois Stefan Hertmans, que publient en France les éditions Gallimard (Guerre et Térébentine, Le Cœur converti) et Le Castor astral (Le Paradoxe de Francesco, Antigone à Molenbeek), fait partie de ces écrivains dont la…
Peindre des nymphéas, Monet à Giverny, par Jean-Philippe Toussaint, écrivain
« Le fait que je sois devenu écrivain ne m’avait jamais traversé l’esprit jusqu’à l’âge de vingt ans. Jamais, adolescent ou même étudiant à Sciences-Po, je n’aurais pu imaginer que j’allais un jour devenir écrivain. » J’ai beaucoup aimé les livres de Jean-Philippe Toussaint, le cycle de Marie Madeleine Marguerite de Montalte bien sûr (Faire l’amour, Fuir,…
L’unité dans la dualité, par Pentti Sammallahti, photographe
Moscou, Russie, 1980 ©Pentti Sammallahti Parce que ses photographies sont drôles, émouvantes, silencieuses sans effroi, Pentti Sammallahti nous sauve de la délectation morose et du dégoût pour l’époque. Peut-être aussi parce que l’artiste finlandais s’intéresse davantage à l’atemporalité et à la dimension du sacré dans les situations apparemment les plus anodines qu’aux fissures de terreurs…
De la vitalité aux marches de la mort, par Catherine Millot, écrivain, psychanalyste
« La mort n’a jamais tenu une grande place dans ma vie consciente. Je n’y pense guère et m’en préoccupe encore moins. Mourir au dernier moment, comme disait Céline, avec le courage et la dignité que j’ai vus aux bêtes, avec leur simplicité, voilà ce que je souhaite. » On peut mourir chez soi, dans son jardin,…
Virus, mémorial d’une tragédie politique, par Antoine d’Agata, photographe
© Antoine d’Agata / Magnum Photos « Le 16 mars au soir, la veille du début officiel du confinement, je prends l’appareil thermique et je commence à marcher, hagard, dans les rues de Paris. » Comme il y eut en 1937 Guernica, de Pablo Picasso, Comme il y eut en 1967, chez Gallimard, Tombeau pour 500 000 soldats,…
Vivre, entre dons et épreuves, par Charles Juliet, écrivain
« J’ai l’impression que mon adolescence n’a jamais pris fin. Au long des années, elle s’est enrichie d’un accord avec ce que je suis, d’une force calme, d’une vision sereine de la vie. Et la faim est toujours là. Insatiable. » Charles Juliet est de ces écrivains qui touchent par leur constant souci d’authenticité, en poésie ou…
Le vide et les vacations farcesques, un premier livre éblouissant de Tiphaine Le Gall (1)
« Quelques jours plus tard, il remit à son éditeur, le fameux Edgar Firmin, deux cent quatre-vingt-trois pages vierges, sans titre, en lui annonçant que son œuvre était achevée, et qu’elle ne souffrirait aucune correction, aucun ajout, aucune modification. » C’est sans contexte l’un livres des plus enthousiasmants de cette rentrée littéraire morose, très certainement l’un des…
La faux siffle sur la terre, par Patrik Ourednik, écrivain, ou le mentir vrai du « Je me souviens »
« Je me souviens que pendant mon voyage en France en soixante-quatorze, je draguais les filles en leur disant : « Je viens de Tchécoslovaquie et j’aimerais faire l’amour avec vous. » Je me souviens que ça marchait : tout d’abord, elles m’interrogeaient sur la situation politique du pays. » Vingt-quatre chapitres, vingt-quatre années d’une vie formée, déformée, encadrée par la…
L’estomac contre les salons, Marlène Mocquet, par Numa Hambursin, critique d’art
Il est temps de passer à une critique d’art qui ne soit plus ironique ou essentiellement autoréférencée. Le jargon et les postures de savoir ont jeté le soupçon sur la beauté du geste de réception. L’émotion n’est pas tout, mais elle est un préalable. L’estomac contre les salons ? Bien sûr. Les tripes contre les…