Paul McCartney a les yeux rouges, par Linda McCartney, photographe

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© Linda McCartney / Taschen

Rencontrant Paul McCartney en photographiant les Beatles en 1967, Linda McCarney (1941-1998) eut une carrière de photographe de rock, mais elle est aujourd’hui essentiellement reconnue pour ses polaroïds célébrant la vie quotidienne auprès de son mari et de ses enfants.

Sensible aux droits des animaux, à la question du végétarisme et à la condition féminine, l’artiste américaine se montre très attentive à la vie en tant que vie, à ses vibrations et sa drôlerie, aux êtres sans apprêt, sans chic, saisis dans des situations noblement banales.

Concevant sa pratique esthétique comme une vaste « bande démo » ininterrompue, Linda Mc Cartney considère le polaroïd comme un formidable moyen de rendre compte de la spontanéité du vivant.

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© Linda McCartney / Taschen

Il ne s’agit pas de produire de la belle image, mais de témoigner de l’énergie des êtres qui l’entourent et du miracle de la lumière.

Paul McCartney porte une toque de fourrure, a les yeux rouges et les pieds nus, c’est parfait.

Vivre dans le rythme d’une musique existentielle créée en commun, savoir lâcher prise, s’offrir des émotions incontrôlées.

En ses petits rectangles de couleurs douces ou s’effaçant, la photographe ponctue les jours et les nuits de sa famille du bruit du moteur de son appareil de vision, questionnant par l’art ce qu’il en est d’une vie menée à deux et plus.

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© Linda McCartney / Taschen

Une vie de guitares et de déguisements, de bottes en plastique rouge et de biberons, de chiens et de chevaux, de dessins d’enfants et d’autoportraits.

Une vie où l’on joue, où l’on s’aime et où l’on est parfois déphasé.

Le polaroïd est par nature élégiaque, il est du côté du temps qui fuit, et, quand on est l’épouse d’une rock star volontiers fantasque, d’un lyrisme plutôt ébouriffé.

Célébration des visages rassemblés, des dons de la nature, de la chance d’être en vie ensemble.

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© Linda McCartney / Taschen

Quand la fête devient mélancolique, la photographie se fait introspective.

Photographiant au cœur des années 1970 et 1980, Linda McCartney est aussi le témoin d’une époque faite de libération des mœurs et de recherches de nouveaux modes d’être au monde, avant que de se consacrer davantage dans les années 1990, les enfants ayant grandi, au spectacle d’une nature symbole de profusion et de gratuité.

En attendant, la propriété écossaise de Campbletown est un joyeux capharnaüm.

Les yeux bleus de Linda se sont transmis, les bambins respirent la santé.

La famille voyage, en Arizona, à Hawaï, à Londres, à Lagos.

Fraternité d’enfants blancs et noirs vivant ensemble au Nigeria ou en Jamaïque.

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© Linda McCartney / Taschen

Dialectique de la terre grasse et des avions, du plancher des vaches et des tournées, des champs et des salles de concert.

Retour en Ecosse, à la lande, aux chevaux, à la vie rustique.

Retour aux séances de répétitions et d’enregistrements.

Les polaroïds de Linda McCartney dévorent ceux qu’elle aime, facétieux et touchants, leur mangeant les pieds, les bouches, les dos, les jambes, les têtes.

Voilà le théâtre de la vie, voilà une fiction, voilà la folie douce des familles bricolant comme elles peuvent un lien éternel.

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Linda McCartney, The Polaroid Diaries, texts by Chrissie Hynde & Ekow Eshun, edited by Reul Golden, Mary McCartney & Sarah H. Brown, designed by Andy Disl, Taschen, 2019, 234 pages

Editions Taschen

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