Saint-Etienne, une signature visuelle, par Guillaume Bonnel, photographe

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©Guillaume Bonnel

Abordant les territoires de manière organique et inductive à partir d’arpentages très minutieux engageant le corps, le photographe Guillaume Bonnel a pendant un an marché dans la ville de Saint-Etienne (Loire), y décelant des ensembles, des limites, des parcours discrets.

Après Orthèses (ARP2 Publishing, 2017), Anatomie d’une ville est une tentative d’appropriation d’un lieu par l’approche systématique de ses apparences, cherchant à s’approcher au plus juste de ce que serait « sa signature visuelle ».

Ville ouvrière, vivante, multiple, Saint-Etienne est pour Guillaume Bonnel un laboratoire enthousiasmant de formes et d’initiatives, dont il propose de rendre compte, à la façon de Paul Graham, par des « grappes d’images ».

Interrogeant la photographie elle-même dans sa dimension d’enquête, Anatomie d’une ville est un livre passionnant, parce que l’intuition ne s’y oppose pas à la rigueur scientifique, et que le jeu n’y est pas considéré comme une faiblesse de la raison.

A sa façon heuristique, cet ouvrage invente une sorte de place publique texto-visuelle où l’on se sent bien, en fraternité.

Vous avez intitulé votre livre résultant de votre travail sur la ville de Saint-Etienne, Anatomie d’une ville. Avez-vous ausculté un corps ?

Depuis ma série Orthèses, je suis l’objet d’une sorte de tropisme corporel dans ma relation au paysage… Mais c’est surtout dans une dimension réflexive qu’il doit être convoqué ici, l’auscultation d’un corps par un autre corps en quelque sorte. Comme le constate Danièle Méaux dans son texte, j’éprouve la nécessité d’un engagement physique pour comprendre un territoire et en prendre la mesure, et la plupart de mes séries personnelles et travaux de commandes ont été l’occasion d’un arpentage immersif minutieux. Dans le cadre des observatoires photographiques du paysage, je ne compte plus les kilomètres parcourus sur mon vélo de randonnée ! Cette métaphore corporelle n’a rien de très nouveau, elle rejoint les conceptions de nombre d’urbanistes, d’architectes ou d’écrivains depuis Le Ventre de Paris de Zola. Mais elle m’a permis d’aborder la ville sous un angle organique et non technique, d’en éprouver les aspérités, et d’être au contact de ses habitants ; cette auscultation, c’est finalement un moyen d’humaniser le geste photographique.

Votre étude est-elle le fruit d’une commande ?

Il s’agissait d’un contrat de post-doctorat qui était proposé par le CIEREC de l’Université Jean Monnet, dirigé par Danièle Méaux, et le Labex IMU de l’Université de Lyon. L’inscription dans ce champ universitaire pouvait s’apparenter à une commande (par comparaison avec une résidence par exemple), mais par définition cette notion est un peu antinomique avec la recherche. J’avais en tous cas plus de marge de manœuvre que dans le cadre de mes commandes habituelles pour les collectivités locales où je dois respecter un cahier des charges, bien qu’avec le temps et l’expérience ma liberté y soit aussi de plus en plus importante…

Mais au fil du temps, l’opposition recherche personnelle/commande me semble de plus en plus artificielle. Je me souviens des propos assez décapants de l’écrivain Jean Patrick Manchette parlant du polar comme d’un roman « écrit pour bouffer » (https://youtu.be/m8bVoEp1FOk), par opposition au roman « artistique », ajoutant qu’il offrait finalement une position assez confortable, lui permettant de « travailler sur le texte sans que personne ne le sache», sous couvert de faire un travail réputé non noble. J’ajouterai – pour achever cette comparaison hasardeuse entre littérature alimentaire et commande photographique ( ! ) – que la commande permet une relation très riche avec son medium, notamment parce que les images sont vues par des publics non acquis au genre photographique pratiqué, et qu’on doit sans cesse en réinterroger les codes et les prérequis pour être prêt à les expliquer, voire à les défendre.

Comment avez-vous concrètement préparé votre venue à Saint-Etienne et mené votre recherche photographique ? Avez-vous eu à cœur d’établir un inventaire systématique des quartiers ?

Mon pari – sans doute discutable ! – était de construire une relation à la ville qui soit la plus immédiate possible. C’est d’autant plus paradoxal que j’étais entouré des chercheurs les plus qualifiés pour m’informer sur ses caractéristiques et son histoire. Mais c’est une préoccupation qui m’anime depuis que j’ai engagé ma carrière de photographe, notamment par la fondation du collectif l’Œil arpenteur dont la devise est « penser l’espace avec les yeux ». Il s’agit de ne pas inféoder la photographie à d’autres disciplines qui la cantonnent souvent à l’illustration de problématiques déjà identifiées. J’ai toujours eu à cœur de montrer que le photographe est aussi légitime que le géographe, le paysagiste ou l’architecte pour parler du territoire. Pour construire et démontrer l’aptitude heuristique de la photographie, il me semblait donc qu’il fallait l’utiliser pour révéler des problématiques et non pour les confirmer ou les infirmer a posteriori. Mais ce pari a été difficile à tenir comme vous pouvez vous en douter. D’abord je suis arrivé à Saint-Etienne avec mes propres préconceptions, et les échanges avec les chercheurs et Danièle Méaux ont nécessairement orienté ma vision, que je le veuille ou non. Disons que j’ai essayé d’isoler le travail visuel des phases de documentation, presque dans une attitude dissociative, pour favoriser cette relation directe et préserver le potentiel heuristique des images. Dans l’ensemble ma relation exploratoire à la ville a donc été plutôt intuitive.

Avez-vous photographié la ville comme vous l’avez fait des paysages naturels dans le cadre de vos missions pour l’Observatoire photographique national du paysage ?

Je me suis beaucoup posé cette question sans parvenir réellement à y répondre. Saint-Etienne est la première ville à laquelle j’ai consacré autant d’énergie photographique. Je me suis rendu compte que certains des phénomènes que je photographie dans l’espace rural sont simplement moins visibles en ville. La frontière entre espace privé et espace public en est un bon exemple. Dans un lotissement péri-urbain cette frontière est une zone étendue qui se développe en subtiles transitions : rue, trottoir, portail, haie, jardin avant, allée, auvent, porte d’entrée… En ville, elle est beaucoup plus condensée, en général un trottoir et une porte cochère. Ce qui est fascinant en ville, c’est cette dissimulation de ce que le monde rural livre aux regards. Il faut donc y chercher d’autres signes.

Qu’avez-vous compris d’essentiel concernant la ville de Saint-Etienne au cours de votre campagne photographique ayant duré une année ? Quelles en sont les spécificités ?

La notion de spécificité me pose un problème car elle me semble piégeuse. Aujourd’hui toute démarche de recherche portant sur un territoire semble devoir se réduire à une recherche de spécificité. Je me suis débattu avec cette notion dans le cadre de ma thèse de droit de l’environnement : ce dernier est-il spécifique et pourquoi ? Quels sont les vrais enjeux d’une telle recherche ? Cette quête de spécificité peut-elle tenir lieu d’objectif scientifique ? La question dissimule souvent des arrière-pensées stratégiques, qu’elle soit appliquée aux lieux (où elle justifie le nationalisme et le séparatisme), aux champs universitaires (où elle justifie l’autonomie puis l’isolationnisme disciplinaire), ou aux pratiques artistiques (où elle nourrit la thèse de l’autonomie du medium).

Nous ne recherchions donc pas coûte que coûte à montrer les spécificités de Saint-Etienne, au sens essentialisant du terme, mais plutôt à caractériser son apparence, en accumulant des arguments visuels grâce à la photographie. Disons pour répondre à votre question que les mots clés de la page centrale du livre, issus de l’observation des images que l’on retrouve ensuite dans les grilles (accumulation, hétérogénéité, collage, déclivité…), constituent peut-être ce qui s’approche le plus d’une signature visuelle de la ville. La culture ouvrière qui la caractérise – de l’extraction minière à la fabrication d’objets très complexes – y a débridé les « arts de faire » dont parle De Certeau, dans une explosion des formes. Le plus étonnant étant que cette profusion formelle opère à tous les niveaux : actions d’aménagement déployées par les pouvoirs publics, retouches vernaculaires apportées par les habitants à leurs lieux de vie, interventions liées aux activités économiques… Bien entendu la réalité sociale de la ville – où 23% des habitants, et 36 % des moins de trente ans vit sous le seuil de pauvreté – est un facteur qui peut expliquer ces pratiques.

Comme dit Italo Calvino dans Les villes invisibles (Le Seuil, 1971), « Là où les formes épuisent leurs variations et se défont, commence la fin des villes »… je dirai que ce qui caractérise Saint-Etienne, c’est qu’elle cherche toujours sa forme, c’est ce qui la rend si vivante.

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©Guillaume Bonnel

Que permet de plus précieux l’outil photographique ?

Je m’en suis ouvert dans un article intitulé Révélation inattendue d’un métier, pour un ouvrage collectif dirigé par Michael Jakob consacré au travail du photographe Sylvain Duffard en Haute-Savoie (Prise de vues. Un paradigme pour l’observation du paysage, Photographies de Sylvain Duffard, Métis presse, 2019).

J’y résume l’apport de la photographie en quatre qualités :

– elle favorise l’intersubjectivité, permet de structurer un espace de discussion réel ou symbolique sur l’espace perçu,

– elle constitue un terrain fertile pour la sérendipité, car le photographe ne sait pas toujours ce qu’il cherche,

– elle produit des savoirs immersifs, car le photographe partage pour un temps sa condition avec les habitants et les usagers d’un territoire,

– elle possède une fonction politique dès lors qu’elle produit de nouvelles visibilités et les propose à la discussion (ce qui est valable dans un séminaire de chercheurs comme dans un comité de pilotage d’OPP…).

Comment êtes-vous parvenu à la forme de neutralité s’imposant dans vos images ?

Je crois que mon protocole de prises de vues avait en partie cette fonction. Je me suis efforcé de dilater la notion de point de vue, en évitant à tout prix l’image « décisive » ; j’ai donc en quelque sorte désindividualisé ma vision des lieux en refusant de choisir une image parmi d’autres et en proposant ces grappes. J’avais vu il y a quelques année au BAL à Paris l‘exposition The Present de Paul Graham, qui présentait plusieurs vues successives d’un même lieu, sur un laps de temps très court. J’avais trouvé ce geste photographique très puissant (et même subversif de la part de l’artiste, qui assume alors de livrer une sorte de « j’aurais pu faire autrement » ). Je m’en suis très fortement inspiré, à ceci près que mes grappes sont le plus souvent vides d’habitants et se consacrent aux formes de la ville.

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©Guillaume Bonnel

Comment s’est élaborée l’interdisciplinarité avec les autres partenaires du projet de regard approfondi sur la ville ?

Par le biais d’un séminaire mensuel de recherche au cours duquel plusieurs types d’échanges avaient lieu : d’une part des présentations thématiques sur la ville de Saint-Etienne par des historiens, sociologues, géographes… tous extrêmement au fait de l’identité de cette ville, et dialogues libres autour de la projection de mes images d’autre part. Cela put être difficile pour moi à certains moments, puisque je souhaitais proposer une démarche inductive, qui partirait d’une production d’images assez spontanée. Je me souviens de certains chercheurs qui s’étonnaient que je ne propose pas de problématiques a priori. J’y ai vu une contradiction entre ma posture de photographe et celle du chercheur qui construit son objet en formulant des hypothèses liminaires. Mais finalement ces deux démarches se sont complétées dans un dialogue très fertile. Je me suis nourri de l’apport des chercheurs, même en préservant l’immédiateté de mon regard, et mes images qui ont parfois provoqué l’étonnement ou la surprise suggèreront je l’espère des pistes de recherche.

Comment la ville envisage-t-elle son avenir ? Vos travaux ont-ils vocation à informer le débat politique local ?

Les observatoires photographiques s’entent sur un projet de territoire, les images ont une dimension instrumentale et deviennent donc, qu’elles le veuillent ou non, des leviers pour l’action publique (leviers politiques, pédagogiques, cognitifs, poétiques et symboliques…). Le but à Saint-Etienne était d’interroger la photographie elle-même en tant que pratique d’enquête, sujet des recherches que mène actuellement Danièle Méaux (Enquêtes. Nouvelles formes de photographie documentaire, Filigranes éditions, 2019), et les images n’avaient a priori pas vocation à alimenter un projet de territoire. Mais rien ne s’oppose à ce que le livre puisse avoir cette fonction, et je ne doute pas que les aménageurs et urbanistes stéphanois le liront.

Avez-vous pu rencontrer le Stéphanois Georges Didi-Huberman et partager avec lui vos réflexions ?

Non, je n’ai d’ailleurs découvert qu’il était stéphanois qu’à l’occasion de la sortie de son dernier livre [Pour commencer encore, Argol, 2019 – chronique à venir]. Mais la parution d’ Anatomie d’une ville constitue un excellent prétexte à un futur échange.

Comment avez-vous pensé l’articulation entre les deux parties de votre ouvrage ?

Cela n’a pas été un travail solitaire, nous avons conçu le déroulement du livre avec Danièle Méaux, et la maquette est le fruit d’un travail à quatre mains.

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©Guillaume Bonnel

La première partie rend compte de la démarche exploratoire. Elle montre les grappes d’images qui sont consacrées à des lieux de la ville choisis au gré de cette exploration intuitive. Le principe de cette démarche est que l’unité de ces lieux était constituée par un prétexte visuel (un objet, une lumière, une ambiance, une unité spatiale reposant sur des facteurs variés…). Leur étendue est délimitée par le geste photographique et non par un facteur géographique, et leur raison d’être n’était ni plus ni moins que mon désir de photographier. Le projet a accumulé beaucoup plus de ces grappes que le livre n’en présente, et nous avons dû faire une sélection. Cette démarche m’a permis de prendre des distances avec mon modus operandi habituel, qui se résume peu ou prou à une opération sélective préalable au déclenchement. Je réalise de cette manière des images très denses et très signifiantes, combinant de nombreux enjeux paysagers. Je voulais échapper à cette hiérarchisation qui légitime un cadrage particulier en évinçant tous les autres, et me faire violence en quelque sorte. Je me suis contraint à épuiser les potentialités photographiques d’un lieu, quitte à en livrer aussi des images plus pauvres. Ces grappes sont donc le résultat de mon mode exploratoire, de la manière dont j’ai structuré mon regard photographique sur la ville, et finalement, d’un protocole d’enquête.

Le livre propose ensuite une deuxième expérience, qui n’est plus le fruit de l’exploration du réel mais de la masse des images elles-mêmes (plus de 800 au total). En observant cette matière visuelle avec les chercheurs nous nous sommes aperçus qu’elle présentait des récurrences très nettes, et qu’apparaissait peu à peu la « signature visuelle » de Saint-Etienne. Nous avons alors arrêté une courte liste de mots-clés qui caractérisaient les phénomènes visuels apparents dans les images, et susceptibles de les affilier. C’est l’objet de la seconde partie du livre que de présenter ces « grilles », où les images accumulées deviennent des arguments visuels. Nous avons souhaité que ces grilles donnent matière à penser de manière ludique. L’attribution de ces mots clés est comme une règle du jeu qui peut être déclinée à l’envi. Les assemblages d’images peuvent être recomposés à l’infini. À un moment nous nous sommes aperçus que ces appariements pouvaient se faire selon une très grande variété de prétextes : couleur, présence d’un motif, récurrence de mes réflexes de cadrage… Cette seconde partie du livre se veut une invitation à continuer le jeu.

Pour la composition de votre livre, avez-vous été inspiré par les Atlas d’Eric Tabuchi ?

C’est possible, il est venu faire une conférence à Saint-Etienne lorsque j’étais sur place. Mais l’idée de typologie n’était pas présente à l’origine de mon exploration de la ville, je ne suis pas parti à la recherche d’objets à collectionner ou à archiver comme le faisaient les Becher par exemple, ce qui est davantage le cas d’Éric il me semble. Pour ma part la constitution des grilles découle d’un constat a posteriori, qui s’est opéré lors de l’observation des images et a permis de les ordonner, tout en attestant de leur aptitude heuristique. Par ailleurs, à de rares exceptions près, j’ai cherché à caractériser des ensembles composites et non des objets isolés, ce qui est une autre différence.

Votre livre s’élabore au rythme de la marche. Combien de paires de chaussures avez-vous usées ?

Un certain nombre… J’ai souvent repensé aux trajets du personnage de Stillman dans Cité de verre de Paul Auster. Si je pouvais retracer l’ensemble de mes trajets sur une carte, je crois que toute la ville serait couverte de signes indéchiffrables ! Cela m’a conduit à revenir de nombreuses fois sur certains lieux, et de constater à quel point le désir de photographier est fragile. C’est une ivresse de l’hyper présence qui n’est pas seulement liée à la configuration d’un lieu, mais à beaucoup d’autres facteurs finalement assez insaisissables. Et ces facteurs sont imprévisibles, de sorte que l’on peut venir à plusieurs reprises sur un lieu mais n’y ressentir qu’une seule fois l’envie de photographier, c’est un sentiment assez étrange pour quelqu’un qui pratique régulièrement la reconduction photographique !

Un Kebab House (temps court), une boulangerie Paul (temps de la mondialisation), une église (temps spirituel) : est-ce une allégorie ? Comment la ville ménage-t-elle les espaces de rencontre entre la diversité de ses habitants ?

Oui, cette image est un peu dense ! Je citerai un exemple pour répondre à votre question. Si vous venez sur la place que vous décrivez un mercredi après-midi, vous apercevrez des norias d’enfants jouant au foot en pleine ville, juste devant l’église, en installant des buts de fortune avec des blousons disposés en tas. Le plus étonnant est que les autres usagers de l’espace – je ne parle pas des parents car ces enfants sont en autonomie – respectent ce terrain éphémère en le contournant soigneusement. Cela semble ordinaire, mais ce sont des scènes que l’on ne voit plus beaucoup en plein centre-ville dans d’autres villes, car les familles avec enfants en ont été évincées par la spéculation foncière. Les logements à Saint-Etienne sont parmi les moins chers de France, là où beaucoup de métropoles ont gentrifié leurs hypers centres. Cela génère une forte mixité sociale en centre-ville, qui se conjugue avec une grande inventivité dans les usages de l’espace public.

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©Guillaume Bonnel

Vous avez participé en novembre 2018 à un colloque à Saint-Etienne intitulé « Le paysage temps photographié ». Quel fut l’objet de votre communication ?

Il s’agissait d’une présentation de mes travaux à l’issue du post-doctorat (https://youtu.be/ECGaKhSWhIo). Chacun des temps du colloque était ponctué par la présentation d’un travail photographique (Benoît Grimbert, Camille Fallet et moi-même). J’ai retracé l’ensemble de la démarche de la même manière que dans le livre. J’ai conclu en présentant des phénomènes visuels que j’ai photographiés et observés, qui me paraissent très caractéristiques de Saint-Etienne, mais que je ne suis pas parvenu à nommer avec des mots, ce qui a été une très belle surprise. Cela tend d’après-moi à montrer une vraie plus-value de la photographie dans la compréhension des formes urbaines, et j’ai encore beaucoup de travail sur ce volet de l’exploration des images.

Comment envisagez-vous votre inscription dans le territoire des Pyrénées atlantiques où vous vivez le plus souvent ?

C’est d’abord et surtout mon lieu de vie, mais c’est aussi le territoire qui m’a vu naître à la photographie il y a une quinzaine d’années. J’y ai réalisé certaines des séries les plus importantes pour moi (Orthèses, Grand Air, Artefact dans le cadre de France,s territoire liquide, Se peut étendre sur les grèves…). Mais paradoxalement j’y travaillais assez peu sur des commandes jusqu’à l’année dernière, où j’ai commencé un projet avec l’ENSAP de Bordeaux, ce qui m’a permis notamment de rejoindre l’équipe de maîtrise d’œuvre de l’Atlas des paysages des Pyrénées Atlantiques.

Quels sont vos actuels projets artistiques ?

Je poursuis un travail de longue haleine sur les paysages de l’anthropocène qui s’intitule Se peut étendre sur les grèves, en référence à un texte juridique, l’ordonnance de la marine de Colbert de 1681 qui définit le domaine public maritime. Je me focalise sur l’érosion du trait de côte dans le Golfe de Gascogne et sur ces paysages rendus « indécidables » par le changement climatique. Dernièrement le siège de la Fondation Surfrider Europe, qui se trouve à Biarritz, a accueilli une exposition du collectif l’Œil arpenteur où j’exposais cette série en compagnie de Lionel Bitsch.

J’ai également commencé un autre travail sur les paysages agricoles au Pays basque. Mes projets personnels avancent lentement, les commandes sont chronophages et je leur donne souvent la priorité, je fais partie des photographes qui ont besoin de tirer des revenus de leur travail pour vivre, c’est une réalité avec laquelle je dois composer…

Propos recueillis par Fabien Ribery

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Guillaume Bonnel, Anatomie d’une ville, texte Danièle Méaux, Filigranes Editions, 2019, 138 pages

Filigranes Editions

Guillaume Bonnel – site

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