© Johan Sundgren / Journal
Entre 2012 et 2017, Istanbul fut une ville violente, inquiète, imprévisible, où des bombes explosèrent, à l’aéroport Atatürk, dans le quartier de Sultanahmet, dans une boite de nuit, dans une synagogue, au Consulat britannique, dans une banque HSBC, attentats-suicides attribués à Daech ou à des membres d’Al-Qaida.
La ville qu’a rencontrée le photographe suédois Johan Sundgren est un décor de film noir, elle est froide, âpre, laborieuse et fuyante.
© Johan Sundgren / Journal
Ses personnages sont isolés, intranquilles, courbés sur leurs soucis.
Istanbul est inquiète, Istanbul a peur, Istanbul pleure ses morts.
Des rideaux de fer, des bâches, des pavés disjoints.
© Johan Sundgren / Journal
Des voiles, des fichus, des capuches.
Règne ici un double sentiment de menace et de profonde solitude.
La rue s’agite, les regards s’affolent, des corps se figent.
© Johan Sundgren / Journal
Que se passe-t-il ?
Une cigarette, un journal plié sous le bras, des lunettes, une barbe de trois jours : cet homme est-il un intellectuel accablé ou un flic en civil ?
Et toi, photographe, es-tu certain d’être le bienvenu ?
© Johan Sundgren / Journal
Traditionnelle et moderne, Istanbul pourrait être sicilienne, ou napolitaine, fière et populeuse.
Publié dans un format carnet de voyage, On the Threshold est un livre de street photography ne craignant ni la pluie, ni les regards directs, ni l’errance.
Johan Sundgren photographie le ballet des silhouettes marchant près de la ligne du tram, un porteur de cartons tirant un diable, un chat aux aguets.
© Johan Sundgren / Journal
Teintées de rouge, des photographies ponctuant le noir & blanc rappellent les lieux des attaques terroristes.
On the Threshold est le portrait d’une cité puissante et meurtrie.
On déjeune dans l’anxiété, on prie avec ferveur, on fait les comptes.
© Johan Sundgren / Journal
Une amoureuse embrasse son homme près d’une synagogue martyre, tandis que, page suivante, une femme entièrement vêtue de noir essaie des jumelles dans un magasin vendant aussi bien des armes que des transistors.
Un rouleau de fils de fer barbelés : ne passe pas qui veut.
On the Threshold montre les visages d’une ville sous tension, pudique et traumatisée.
Johan Sundgren, On the Threshold, poème de Naim Hikmet, éditing Gösta Flemming & Johan Sundgren, éditions Journal (Suède), 2019
© Johan Sundgren / Journal
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