La rentrée littéraire est peu exaltante, atone, déprimante, masquée. Heureusement, il y a le premier livre de Tiphaine Le Gall, Une ombre qui marche (éditions de L’Arbre vengeur), dont j »ai écrit hier tout le bien que j’en pense. Pressentant des parentés entre cet ouvrage et Le livre à venir de Maurice Blanchot (1959), j’ai…
Étiquette : Roland Barthes
L’amour des lettres, par Frédéric Berthet, romancier, épistolier
« Si je ne dormais pas, quels romans n’écrirais-je pas. D’où l’insomnie. » (Frédéric Berthet, 31 janvier 1978) J’avais besoin d’intelligence, de style, de vraie-fausse désinvolture, d’une vie habitée par la nécessité de l’écriture. J’avais besoin de Frédéric Berthet (1954-2003), de me souvenir de ses livres (Simple journée d’été – présenté récemment dans L’Intervalle -,…
Trouver le rameau d’or, apprendre à perdre, par Vincent Delecroix, philosophe, romancier
Il faudrait apprendre à perdre, non parce qu’on aurait le goût du malheur ou du manque, mais parce que la perte est une donnée ontologique essentielle. Nous perdons notre cordon ombilical, nous perdons nos cheveux, nous perdons nos yeux dans les yeux du monde, nous perdons nos proches. Il faudrait ne pas être perdu d’Appendre…
Entre crime et sainteté, Dostoïevski, par Julia Kristeva
« Bien avant, et très tôt, Dostoïevski avait réalisé que l’explosion épileptique, ses auras, ses douleurs et peurs le mettaient au contact avec une dimension essentielle de la condition humaine : avec l’avènement et l’éclipse du sens. » J’ai connu une étudiante albanaise, venue en France dans l’espoir d’y étudier Sartre et Camus. Elle était…
Le temps, l’exil, la présence, par Jean-Jacques Gonzales, photographe
« La photographie ne ferait qu’épaissir le voile qui (me) sépare du monde en le rendant visible ; ce faisant, elle pourrait se donner les moyens de l’outrepasser. » (Jean-Jacques Gonzales) Je ne trouve pas le temps d’écrire sur chacun des volumes des éditions d’art strasbourgeoises L’Atelier contemporain, mais chaque ouvrage devrait être l’objet d’un long article,…
Kyoto, une hétérotopie, par Colette Fellous, écrivain
« Ce nouveau monde, je l’appellerai Kyoto song. C’est lui que j’aimerais écrire. Il a la forme d’un voyage qui contiendrait tous les voyages : un désir, une brûlure, un élan souverain, une quête, une danse. Un voyage qui prendrait le vrac des choses, des temps, des sensations et des êtres, leur forme, leur respiration….
Les rayons différés d’une étoile, un frère absent, par Alexandre Bergamini, écrivain
« Vivian aurait 57 ans aujourd’hui. Que reste-t-il de lui ? Que reste-t-il des vivants qui ont habité nos vies et qui les ont comblées de leur présence ? Comment faire avec leur mort, avec leur perte et leur absence ? Ne plus évoquer leur existence qu’en secret, la nuit, au cœur de notre solitude…
Un geste pour rien, par Eric Rondepierre, photographe plasticien et Huron
« Du Possible, sinon j’étouffe ! » (Proust/Eric Rondepierre) Voici enfin, parmi la marée des insignifiances et livres fabriqués sans nécessité, un ouvrage créant un trou dans le trou, parce qu’il fait penser, que sa phrase est subtile sans se rengorger de préciosité, et qu’il a fourbi ses armes dans la méditation ininterrompue des textes…
Trump joue du basson, la NRF, revue nécessaire
Je ne prends pas le temps de rendre compte systématiquement des parutions de La NRF, La Nouvelle Revue Française, dirigée avec beaucoup de brio chez Gallimard par Michel Crépu. J’ai mille excuses, mais, bien entendu, j’ai tort. Voici donc réunis sur ma table de travail les quatre derniers numéros (n°634 à 637), couvrant une période…
Le sacre du tympan, un hommage à Oscar Peterson, par le pianiste Romain Villet
« L’obscurité sacre l’ouïe. » C’est un ouvrage-hommage en trois sets légers, blagueurs, profonds, à un homme pesant 240 livres, mesurant 1,90 mètre, un géant du jazz, Oscar Peterson, pianiste canadien, maître du trio en lévitation, né en 1925 et mort en 2007 selon la propagande. Il est écrit par Romain Villet, pianiste…
Art et liturgie à l’âge de la religion capitaliste, par Giorgio Agamben
« Après des années passées à lire, à écrire, à étudier, il arrive parfois qu’on parvienne à comprendre ce qui constitue notre manière spéciale – si elle existe – de procéder dans la pensée et dans la recherche. Il s’agit dans mon cas, de percevoir ce que Feuerbach appelait la « capacité de développement »…
Passer par la perdition, se retrouver, créer, par Georges Hentschel, photographe
Représenté par la galerie Agathe Gaillard (Paris), le jeune photographe d’origine italienne et allemande Georges Hentschel m’intriguait par ses images très noires, semblant surgir d’un fond d’inconnaissable, de sensations brutes et de merveille. Ce que j’avais lu de lui me plaisait en imaginant qu’il s’agissait de ses propres mots : « Il photographie l’errance, la mort, l’humain,…