
« Le véritable miracle, ce n’est pas que l’œuvre ressemble au modèle, mais c’est que le modèle ressemble à une œuvre d’art. »
Voilà quelques mois que les images que diffuse sur les réseaux sociaux le photographe Benoist Demoriane m’intriguent, me séduisent, me questionnent.
Je me suis approché de lui, non pour élucider le mystère de son regard, mais pour lui proposer de relayer son travail sur L’Intervalle.
Nous avons conversé, et j’ai reçu conjointement les images qui suivent, ainsi que les extraits d’un texte en recherche d’éditeur, Les Visites d’atelier, réflexion inépuisable sur le thème des relations entre le peintre et son modèle.
Les femmes qu’il photographie selon la méthode du « flou-de-bougé » sont moins des corps dévoilés, que des essences, des apparitions d’inconscient, des fantasmes d’insaisissable.
Les modèles qu’il dénude pour les vêtir de rêve sont des intouchables, des énigmes nervaliennes, des passages, des visiteuses du soir.
Photographe, Benoist Demoriane est avant tout un peintre, attentif au silence de l’espace, à la répétition des gestes, à la dilution de l’ego dans la forme.
Son œuvre n’est pas élégiaque, mais plus-que-vive, et porteuse d’un désir de fond envers ce qui se dérobe au moment de se révéler.
« Elle se montre, il se cache ? Non, c’est autre chose : elle est là, présentée dans le temps présent, lui est ailleurs, dans un autre monde, une autre réalité, et dans un autre temps, celui d’une idée, et de sa représentation… »
C’est la nuit, le projecteur est allumé, le miroir brisé.
Des ombres viennent, des ombres dansent.
A présent, l’artiste alerté se hâte, lentement.

« La pétrir, mais en sculpteur »

« Elle te regarde de tout son corps »

« Ecoute sa beauté ! Mais oui, écoute-la ! »

« Ce qui est venu, vient, viendra »

« Un mouvement giratoire obstiné, et tranquille »

« L’image d’une intuition »

« Cela sera »

« D’où vient-elle, de quel fond ? »

« Une beauté en démesure, en débordement »

« La beauté extravagante de ces filles ! »

« Un inachèvement »

« Et on s’aperçoit qu’on en meurt… »

« L’artiste, l’amoureux, le rêveur »
Benoist Demoriane, Apparitions, photographies 2007-2012, texte de l’auteur traduit en anglais par Patricia Stroud, 2013, 50 photographies en noir & blanc (contacter l’artiste pour le commander)
(les légendes des images exposées ci-avant sont toutes issues du texte Les Visites d’atelier)