Shirley Baker, photographe britannique méconnue, reconnue, par Lou Stoppard

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© Estate Shirley Baker

Shirley Baker (1932-2014) est une photographe britannique, essentiellement reconnue pour ses photographies de rue dans les quartiers populaires du grand Manchester.

Sa vie est un long combat sans hargne pour la revendication de la place des femmes dans la société.

Photographiant essentiellement en noir et blanc, elle documente la vie du peuple avec beaucoup de tendresse, de fantaisie, et de drôlerie.

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© Estate Shirley Baker

Les éditions MACK offrent aujourd’hui une anthologie de ses photographies – sélectionnées par la journaliste indépendante Lou Stoppard – concernant la vie quotidienne entre les années 1950 et 2000, dans le nord de l’Angleterre, mais aussi dans le sud de la France, en Italie et au Japon.

La première image est sublime, montrant une jeune fille au visage étrangement gracieux, assise sur un banc de la petite ville portuaire du Lavandou (Var) dans les années 1980. Son regard est direct, franc, lointain, c’est une nymphe.

Shirley Baker s’intéresse aux points d’équilibre, aux moments de stase, à ce qui meut la petite gent humaine.

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© Estate Shirley Baker

La rue offre en permanence des surprises, c’est un théâtre d’apparitions incroyables.

Rien à voir ? La banalité est une absence de point de vue, une misère subjective, un démon intérieur écrasant tous les angles.

Une femme est couchée près d’un enfant au torse nu assis sous un arbre dans un parc (Tatton Park, Cheshire, England, 1983), c’est un conte.

Playing in the graveyard - Stockport, 1967
© Estate Shirley Baker

Un corbeau très noir juché sur une haie très verte piaille non loin d’une vieille dame chic impassible. London ? non, Tokyo, Japan, 1994.

Un kid fait un câlin à son chien albinos à même le trottoir, c’est un moment d’amour universel.

La vie est belle, amusante, et très innocente dans un monde coupable.

On appelle peut être cela le peuple.

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© Estate Shirley Baker

Dans la rue de la grande ville, les marcheurs sont affairés, inquiets, aveugles, et pourtant quelque chose s’illumine soudain, un pas de côté, une coiffure qui s’envole, un trébuchement.

Une barraque de bidonville prend feu, alors qu’au loin les grues à l’œuvre sont le symbole de la nouvelle puissance britannique.

Le capitalisme moderne reconfigure la réalité selon l’empire de ses nécessités marchandes.

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© Estate Shirley Baker

Pourtant, loin des griffes du calcul, il y a les punks, les papys placides, les réverbères tordus, les enfants sauvages, les amoureux maladroits, les peintres du dimanche, et les nababs d’opérette.

La photographe aime les jeux de miroirs, de surface, les déplacements identitaires, et la peinture malicieuse des situations ordinaires.

Caddys et masques, classe ouvrière et talons hauts, séduction et sommeil.

Shirley Baker n’est pas encore suffisamment reconnue comme figure majeure de la photographie féminine.

Cet ouvrage rétablit une injustice.

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Shirley Baker, par Lou Stoppard, design Morgan Crowcroft-Brown, MACK, 2019

Mack – site

Shirley Baker – site officiel

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Se procurer la monographie Shirley Baker

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