© Simon Johansson
Après Across the bridge (la vie à la Suédoise, musicale, fraternelle, mélancolique) et A familiar place (Stockholm dans tous ses états, ses visages, ses folies, sa sensualité), The young ones est le troisième livre de Simon Johansson publié par les éditions Journal.
Composé d’images prises entre 2002 et 2019, en Suède, mais aussi à Bucarest, à Rome et au Costa Rica, cet ouvrage d’un photographe au regard puissant est porté par l’énergie des enfants en occupant la quasi-totalité des pages.
© Simon Johansson
Le noir & blanc est superbe, contrasté sans excès, le visage et le corps de vérité des enfants aimantant immédiatement la vision.
Une petite fille nous observe depuis la fenêtre de sa maison (première image, parfaitement géométrisée) : sensation d’être à l’instant du Jugement suprême.
Les enfants vont vite, font la roue, plongent dans la mer sans reculer devant le froid, se peignent le visage, jouent à tout salir, dérangent l’ordre adulte mortifère.
© Simon Johansson
Les photographiant, Simon Johansson revisite probablement son enfance auprès de la mer, riant aux éclats quand un chien lui lèche le museau.
Ensemble, les girls de trois pommes partagent des secrets, dont nous ne connaîtrons jamais rien.
Les enfants que nous voyons ici ont une présence totale, irréductible, franche.
Ils sont notre horizon perdu, nous qui tentons de le retrouver par l’art, l’ivresse, les extases, artificielles ou non.
Pieds nus dans l’herbe, les bandits tirent la langue, se grimpent sur le dos, se roulent par terre, se bousculent.
© Simon Johansson
Les regards que Johansson saisis sont d’une profondeur limpide : pas de tricherie, pas le temps pour ça.
En larmes, en trébuchements, en écritures de guingois, en fantaisies collectives, les enfants signent leur être-là.
Au sauna, dans la cour d’une ferme, dans un jardin, dans une cabane, dans un grenier, sur un ponton, ils sont partout, telles des divinités de la nature dans un monde shintoïste.
L’une suce son pouce, un autre se déguise en superhéros, un dernier monte à l’arrière d’un pick-up.
Froc à terre, un garnement danse devant ses copains.
Un autre est nu sur une pieuvre gonflable, roi du pétrole.
© Simon Johansson
Nouveau jeu : faire la course lové dans une brouette en portant des palmes.
Mais les enfances ne sont pas les mêmes, à Stockholm, en Roumanie ou à Ciudad Colon.
Si les corps sont toujours aussi mobiles, les yeux sont plus fatigués, plus perdus, plus durs.
Les petits corps avancent dans le labyrinthe de la vie, prennent des trains fantômes, en préférant le bel aujourd’hui aux promesses souvent trompeuses de l’avenir.
Simon Johansson, The young ones, editions and design Simon Johansson & Gösta Flemming, Journal (Sweden), 2019
Simon Johansson, A familiar place, editing and design Simon Johansson & Gösta Flemming, Journal (Sweden), 2018
Simon Johansson, Across the bridge, editing and design Simon Johansson & Gösta Flemming, Journal (Sweden), 2016