© Mathieu van Assche
Le stoemp est un mets belge, dont les protagonistes eux-mêmes ignorent la recette exacte.
Il est généralement composé de carottes, de poireaux et d’épinards, mais il peut être aussi constitué d’images, ainsi le premier numéro de la revue de photographie belge, au titre oxymorique pour un plat du Nord, Tropical Stoemp.
© Lionel Jusseret
Un poster dépliable, un autocollant, un noir de jais, et des propositions visuelles non légendées se succédant comme lors d’un trip à l’héroïne.
Dix-huit photographes, soixante pages, l’ensemble se dégustant chaud bouillant.
Le néant – thème de cet opus inaugural inspiré d’une parole d’une chanson du groupe de métal alternatif américain Soundgarden-, rien de plus optimiste, non ?
© Stéphane Charpentier
Tropical Stoemp, c’est un peu la beauté farouche de la girl next door, se faisant bronzer en lunettes de soleil et maillot de bain sur une pelouse synthétique un jour d’explosion atomique.
C’est une nuit romantique où la lune est un fœtus et où errent des monstres grotesques.
C’est un voyage dans la neige et le feu, parmi les ours et les paumés du petit matin.
© Simon Vansteenwinckel
Œil grand ouvert sur la nuit.
Grand ouvert sur une Vénus dénudée au corps sculptural.
Sur les tunnels de la mélancolie.
Sur les peaux flétries.
Sur les dogues et les divinités urbaines.
© Pauline Amélie
Le motif nucléaire – au sens du noyau tourbillonnant – est omniprésent, parce qu’il faut sans cesse réaffirmer le sens et la beauté de la pulsion scopique.
Tropical Stoemp est une revue obsédée.
Obsédée de ténèbres, de présences fantomatiques, de souffrances tues, de brouillards, de fantasmes.
Jésus Christ Super Star nous a sauvé, nous offrant l’empathie de la vision par le dépassement de la morale béate.
© Kristel Brusadelli
Des visions de sables et de batailles, de naissances et de disparitions, d’éblouissements et de tremblements.
Dans les désastres en cours, le visage insiste, c’est-à-dire l’absolue singularité, l’irréductible de l’autre, la possibilité de l’amour.
D’essence carnavalesque, Tropical Stoemp est une revue barbare, parce que la beauté la plus sublime est toujours de l’ordre d’un arrachement à ce qui la nie.
© Jean-Marc Chapa
Le prochain numéro, à paraître à l’automne 2021, sera guidé par le tube de Gilbert Montagné, Les Sunlights des tropiques.
On n’en attend pas moins que le prolongement de l’été et des amours de plage ayant le parfum de la liberté.
Tropical Stoemp, Black Hole Sun, photographies de Pauline Amélie, David Ameye, Gil Barez, Kristel Brusadelli, Pauline Caplet, Jean-Marc Chapa, Stéphane Charpentier, Frédéric Desmots, Nia Dedla, Ariel Pascuali, Manu Jougla, Lionel Jusseret, Michaela Knizova, Natnada Marchal, David Siodos, Marie Sordat, Mathieu van Assche, Simon Vansteenwinckel, Editions Le Mulet, numéro 1, 2021, 60 pages
© Marie Sordat