Voyant, voyeur, voyou, par Cloro, photographe

©Cloro

Limité à deux cents exemplaires, le dixième volume de la collection « L’Atelier risographique » pensée par les Editions Bessard est un essai scratché du photographe, illustrateur et directeur artistique italien, né à Rome en 1973, Cloro, par ailleurs fondateur de la maison d’édition indépendante Lato Paper.

Composé comme un diary sauvage, Stuck déroute, étonne, excite.

Les filles n’y portent pas forcément de culottes, ou alors très fines, l’épiderme est à nu, les poses volontiers provocantes, amusantes, franches.

©Cloro

La pilosité n’est pas un problème, l’ambiance est électrique, folle, ivre.

Des plantes luxuriantes, des iPhone qui rechargent, des visages sculptés de noir.

Dans la jungle des désirs, l’animalité est une boussole.

Des dogues, des miroirs, un gorille assis sur un parquet.

L’impression risographique accentue l’effet de saleté, de salissure, et de sensualité torve.

Une fleur de courgette encore accrochée à la forme oblongue dont elle couronne la vitalité symbolise la puissance et la beauté des pulsions débondées.

©Cloro

Des masques, des yeux grands ouverts, des bouquets de fesses lisses et rondes.

Cloro est impertinent, voyeur assumé, délice d’amours intenses et décomposées.

Des corridors, des rues sombres, une atmosphère de clandestinité propice aux gestes voyous.

Offrande d’un corps étendu sur un carrelage.

Cloro est un matérialiste anthropophage : pas de reste, un dépassement des vieilles antinomies (le beau/ la laideur ; l’acceptable/l’inacceptable), un besoin d’expérimenter.

Il faut s’y résoudre, les embarquements pour Cythère ne se font plus aujourd’hui au doux son du clavecin, mais dans la fureur de vivre et de jouir des vies sous tension cherchant par l’insolence et l’honnêteté de leurs fantasmes à échapper à l’étau social toujours plus sophistiqué et infernal.

Par ses audaces héritières du magazine japonais Provoke, Stuck réjouit comme un bon shoot.