
©Georgia Maria Papoutsi
« Dis-moi, myrte, je te prie / Où trouver de la terre et de l’eau / pour refaçonner un nid / Pour les oiseaux de l’amour. » (Nikos Gatsos)
Les mères sont à l’honneur dans le champ photographique contemporain.
Alors que viennent de paraître les livres de Mickaël Vis, To dance with the devil (éditions rue du Bouquet) et de Lisa Gervassi, Mommy, tous deux présentés dans L’Intervalle, Georgia Maria Papoutsi publie en autoédition Chemins du temps.

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Il s’agit, précise l’auteure à l’orée de son livre, d’un projet « dédié et fait pour et avec ma mère ».
« En cherchant des affaires de ma mère, poursuit l’artiste, je suis tombée sur un vieux cahier d’algèbre dans lequel elle avait recopié ses poèmes favoris. Ces poèmes sont insérés dans l’édition pour illustrer ce projet photo qui est dédié à ma mère. Mais d’autre part cette édition parle de la femme. Une femme qui assume sa fragilité, son âge, et qui n’a pas peur de se dévoiler. »

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Sur papier de plus petit format que les pages du livre où apparaissent les photographies, les poèmes sont reproduits en version originale manuscrite – traduction en français au verso -, permettant d’imaginer l’attention portée aux mots et à la graphie par une femme que nous découvrons à la fois physiquement et dans l’expression de son intériorité, perceptible par le truchement des poésies choisies.
Les jours ont passé, mais Chemins du temps, ne masquant surtout pas la façon dont le corps mûrit, est une œuvre solaire, au-delà des premiers mouvements de la mélancolie.
En 1982, « mamie et maman » posent ensemble, qu’une fille regarde avec émotion y découvrant probablement quelque continuité avec les traits de son propre visage.

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Nous sommes en Grèce, la végétation a soif, qui est superbe.
« Tu te penses plus profond alors qu’au-dessus de ta tête le fond de la mer avec ses galets colorés s’étale comme des étoiles. » (Odysséas Elytis)
Voici une femme à différents âges de sa vie, entre images issues d’un album de famille et photographies contemporaines prises par son enfant devenue artiste.

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Le dialogue entre le végétal et la forme humaine est d’une grande puissance, évocatrice d’une unité première.
Découvrir l’autre côté des choses, dos nu contre dos nu.
S’enivrer encore de la peau d’une mère sur laquelle la petite fille a rampé.
Il y a des attitudes qu’on ne perd pas, une façon de s’installer dans un lit ou un canapé, à vingt ans comme à cinquante.

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Nous passons l’existence à dormir, ou à vivre de façon somnambulique, et la peau se flétrit.
Ce n’est pas un drame, la métamorphose est l’état naturel des êtres, qu’ils soient galets, nuages ou épidermes incarnés.
Et Georges Séféris de chanter doucement : « Encore un peu / et nous verrons les amandiers fleurir. // Les marbres briller au soleil / la mer, les vagues qui déferlent. // Encore un peu, / élevons-nous un peu plus haut. »

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Chemins du temps est une action de grâce, de reconnaissance et de remerciement.

Georgia Maria Papoutsi, Chemins du temps, autopublication, 2022 – 50 exemplaires
https://gmpapoutsi.org/edition-2/

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