Des pas perdus, il n’y en a pas, une anthologie littéraire par le photographe Jean Yves Cousseau

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Les Complices
© Jean Yves Cousseau

« Dieu merci, notre époque est moins avilie qu’on veut le dire : Picabia, Duchamp, Picasso nous restent. Je vous serre les mains. Louis Aragon, Paul Eluard, Philippe Soupault, mes chers amis de toujours. Vous souvenez-vous de Guillaume Apollinaire et de Pierre Reverdy ? […] Il ne sera pas dit que le dadaïsme aura servi à autre chose qu’à nous maintenir dans cet état de disponibilité parfaite où nous sommes et dont maintenant nous allons nous éloigner avec lucidité vers ce qui nous réclame. »

Ces lignes sont issues d’un essai d’André Breton publié en 1924, Pas perdus, qui est aussi un livre de photographies de Jean Yves Cousseau, ami de Guy Debord, amoureux comme lui de la littérature, et des dérives urbaines ouvertes au jeu du hasard objectif.

La Promenade des planches
© Jean Yves Cousseau

Conçu sous la forme d’un vaste palimpseste photographique, Pas perdus est une anthologie littéraire en images (« soixante-trois auteurs (+1) retrouvés »), une riche matière à raisonner, un espace consacré à la fécondité des associations libres.

Détournant pour lui rendre hommage en le réinventant le titre du film de Guy Debord, Sur le passage de quelques personnes à travers une assez courte unité de temps (1959), Jean Yves Cousseau sous-titre son propre ouvrage Sur le passage de Guy Debord à travers une assez courte unité de temps.

Effeuillage forain
© Jean Yves Cousseau
Autoportrait
© Jean Yves Cousseau

Livre expérimental en sa manière hybride, ses images déroutantes, sensuelles, malicieuses, en noir & blanc ou non, chimiquement oxydées ou non, argentiques ou numériques, Pas perdus est donc conçu comme une psychogéographie littéraire en plus de soixante fragments textuels, ou citations, portant le nom des auteurs les plus enthousiasmants, Henry Miller, Ernest Hemingway, Stendhal, Villon, Clément Marot, Arthur Cravan, Antonin Artaud, Robert Walser.

On peut chercher entre images et textes des correspondances, des contrepoints, des dissonances, des dialogues, ou simplement se laisser flotter dans un liquide amniotique chaud, voluptueux.

Le Billard
© Jean Yves Cousseau

Objet baroque, Pas perdus est, au-delà de l’inventaire, un ouvrage de raison supérieure, une ode éminemment subjective à la littérature vivante, radicale, poétique, insurrectionnelle.

Titre de quelques-unes des images (près de 240) ou organismes moléculaires sidérants – comme un cri de Bacon, Giotto, ou pompéien : Queue d’cheval, Mise en abyme, La Douleur, Le Mont de Vénus, Accroche-cœur, La Passante, Le Clochard, Les Complices, Hospice, Sur le quai, Bitume, Drapé.

La Faucheuse
© Jean Yves Cousseau

Les photographies de Pas perdus ne sont en aucune manière explicatives, mais témoignent de traces physico-mnésiques évocatrices des noms qu’elles accompagnent en les émancipant d’eux-mêmes.

Il y a ici la sensation d’une surréalité ordinaire, d’une jubilation secrète dépassant l’histoire des drames, faisant du temps et des paroles la matière même d’une odyssée de nature destinale.

Le Mont de Vénus
© Jean Yves Cousseau

 

La bibliothèque explose de joie, les images se mélangent, Racine rencontre Dante rue Galande, il y a de la pluie, de la neige, du vent, des sillons au cœur des villes, des transports, des cafés et des corps de femmes, des courses et des baisers, un incendie (Cardinal de Retz), des encombrements, des dégagements, des pleurs, des boulons, des étrangers, des vitres brisées.

Furtive
© Jean Yves Cousseau

Matière à sentir, percevoir, autant qu’à méditer, Pas perdus possède une érotique brûlante et romantique, entre désir de rencontres et sentiment de haute solitude.

Dans Panégyrique (éditions Gérard Lebovici, 1989), Guy Debord, ami de Li Po et de Jean Yves Cousseau, écrit : « Ma méthode sera très simple. Je dirai ce que j’ai aimé ; et tout le reste, à cette lumière, se montrera et se fera bien suffisamment comprendre. »

Voyez-ici une guerre du goût.

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Jean Yves Cousseau, Pas perdus, Sur le passage de Guy Debord à travers une assez courte unité de temps, ART 3 – Plessis Editions, 2018, 246 pages – 700 exemplaires

Art 3 – Plessis Editions

Site de Jean Yves Cousseau

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Tombouctou
© Jean Yves Cousseau
Le Volet de la cahute
© Jean Yves Cousseau

Séances de dédicaces de Pas Perdus

  • A la librairie L’écume des pages
    Mardi 20 mars De 19 à 21 heures
    174 Boulevard Saint-Germain
    75006 -PARIS
    À 19 h 30 : lecture accompagnée
    à la harpe par Isabelle Olivier
  • A la librairie Interlignes
    samedi 24 mars De 15 à 19 heures
    1 rue du Couvent – 91470 – LIMOURS
  • A la galerie Baudoin Lebon
    jeudi 29 mars De 19 à 21 heures
    8 rue Charles-François Dupuis
    75003 – PARIS
    À 19 h 30 : lecture accompagnée
    à la harpe par Isabelle Olivier
  • A la librairie Les Cahiers de Colette
    vendredi 6 avril De 19 à 21 heures
    23 rue Rambuteau – 75004 – PARIS

Un commentaire Ajoutez le vôtre

  1. Hedel- Samson dit :

    Très bien l’article ! Bravo pour la publication.

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