
Dans son dernier récit, Venise à double tour, Jean-Paul Kauffmann raconte une obsession : se faire ouvrir les dizaines d’églises fermées de Venise, généralement pour des raisons absconses, mystérieuses, ou tout simplement oubliées par les protagonistes eux-mêmes de la fermeture des portes.
A travers un livre mené comme une enquête, placé sous la haute protection du peintre Palma le Jeune, l’écrivain témoigne du sentiment de plénitude que lui procure la cité sainte.
Peut-être parce qu’ici l’esprit ne défie pas le corps, et que les cinq sens participent à une célébration de la vie vécue comme une jouissance de tous les instants.
Il y a à Venise l’évidence d’une Présence réelle qui féconde, illumine, sauve.
Ensorcelé par Venise, Jean-Paul Kauffmann y vit la volupté d’un temps ouvert, d’un accord naturel entre le passé et le présent.
Face à l’insupportable d’une église fermée, pire profanée, le marcheur inlassable affronte l’énigme de l’absence, qui est un manque à la fois ontologique et spirituel.
On pourra lire Venise à double tour comme un éloge de la Résurrection.

En ces temps de confinement, comment pensez-vous à Venise ? Etes-vous soulagé que la cité sainte retrouve un peu son calme ?
Je suis constamment en contact avec Alma, l’un des principaux personnages de mon récit, Venise à double tour, sans qui je n’aurais pu écrire ce livre. À distance, elle me décrit l’extraordinaire paix qui a saisi la cité. Plus de bruits de vaporetto. Néanmoins, un matin à l’aube, elle a été intriguée par les hoquets d’un moteur tout à fait inhabituels, elle a ouvert les fenêtres. C’était un bateau-corbillard ployant sous les fleurs… La mort en triomphe.
À Venise, l’eau redevient limpide, les poissons s’aventurent jusqu’au Grand Canal. Certes je suis soulagé mais je crains que le tumulte ne reparte de plus belle. « Rien ne sera plus comme avant ! » On connaît la chanson.
Que voyez-vous en premier lorsque vous vous promenez mentalement à Venise ?
Le canal de la Giudecca. L’idée non pas du bonheur mais de la joie avec ce ballet de vaporettos, des transporteurs, des esquifs, des ferries. Il s’en dégage un entrain, une liesse. Pour moi, la définition même de l’alacrité. Dans ce mot entre l’idée de vivacité, une impulsion typiquement vénitienne. Lorsque le dimanche matin, à 11h, les cloches se répondent à la volée et que leur son se réverbère à la surface de l’eau, une griserie presque insupportable s’empare de moi. Un état de réceptivité totale avec cette ville. Ce sentiment de plénitude engagé dans une dynamique qui ne cesse de grandir a quelque chose de violent, oppressant même par son énergie.

Pourquoi Palma la Jeune est-il votre peintre préféré ?
Palma le Jeune n’est pas mon peintre vénitien préféré, mais je l’aime car il symbolise l’aspect aimable – parfois complaisant – du maniérisme vénitien. À Venise, il est omniprésent, il faudrait compter les églises où il ne figure pas. On a dit que le Tintoret s’arrogeait sans vergogne toutes les commandes, mais son élève Palma manifestait la même absence de scrupules. Il commençait ses sujets avec enthousiasme mais avait tendance à bâcler à la fin. Palma est le peintre qui veut être présent à tout prix, accumuler. J’ai l’impression qu’il ne se prenait pas trop au sérieux. Il cultive une conception réaliste des choses, un sens très vénitien du concret. J’étais heureux de le rencontrer pendant mon enquête. Je le voyais comme mon ange gardien. J’avais l’impression qu’il m’encourageait.
Comment définiriez-vous le catholicisme vénitien ?
C’est le catholicisme que j’aime. Il fait la part belle aux cinq sens. Il ne voue aux gémonies ni la chair, ni la fête, ni le spectacle. Un catholicisme dionysiaque… « Tout est exhibition de corps évoquant la jouissance », affirme Jacques Lacan qui n’hésitait à parler de l’« obscénité » de la peinture vénitienne. À Venise, il faut toujours en passer par le corps. S’il y a un lieu qui peut nous faire croire au caractère esthétique du catholicisme, à son sens si incarné du don et de la grâce, c’est bien Venise. Ce peuple de marchands, âpre au gain et plutôt matérialiste, n’était guère porté pourtant à la transcendance. On a assez souligné que Venise n’avait pas produit de grands philosophes – ni d’ailleurs de grands écrivains si l’on excepte peut-être Casanova ou Goldoni.

Avez-vous offert votre livre à Philippe Sollers, et Catherine Millot, qui raconte dans Lacan les fréquents séjours du maître dans la lagune ? Pourquoi aimez-vous tant, comme l’auteur de Passion fixe, l’église des Gesuati, sur les Zattere ?
Non, je ne leur ai pas offert. Mais Catherine Millot a lu mon livre et m’a écrit. J’admire infiniment son témoignage sur Lacan. S’attaquer à un tel « monstre » ! Justement, elle ne s’« attaque » pas à lui. Elle décrit un Lacan totalement inattendu, exempt d’affectation, allant droit au but, au total assez attachant s’il est possible d’employer un tel adjectif pour qualifier ce personnage. Dans sa lettre, elle relève non sans perspicacité (ce que j’aime entre autres dans la psychanalyse est sa capacité de dévoilement ou de décryptage) que ce que j’écris sur Lacan peut s’appliquer à la manière dont les églises fermées s’ouvrent à moi. Je note en effet que Lacan m’est souvent incompréhensible. Il parle une langue inconnue qui parfois s’illumine pour devenir limpide et même foudroyante, comme une révélation qui vous transperce. C’est ce que j’ai ressenti en effet avec les églises fermées : ce surgissement dans les ténèbres, l’évidence d’une présence réelle qui soudain resplendit et vous confond.
Quant aux Gesuati, tant aimé de Sollers, il y avait là aussi un caractère d’évidence. Mon salon se trouvait très exactement dans la ligne de mire de ce sanctuaire éclairé toute la nuit. Il ressemblait à une falaise blanche, fantomatique, comme chez certains personnages du Tintoret. Les concerts d’orgue les dimanches après-midi d’hiver aux Gesuati, sous l’œil de Tiepolo, sont parmi les moments les plus grandioses que j’ai vécus pendant mon séjour. Sollers a raison ; on devrait béatifier Tiepolo.
Qu’avez-vous vu et compris dans l’église fermée de Sant’Anna ? Une violence exercée contre la possibilité même du sacré ?
Il ne restait rien. Je n’ai jamais vu un édifice aussi affreusement mutilé. Une démolition en règle. Tout a été arraché, les autels, les statues, le pavement. Ce n’est pas le temps qui a détruit Sant’Anna mais les hommes, ils l’ont littéralement dévalisé. J’ai vu la mort en face. J’ai failli abandonner. Si c’est cela la quête des églises fermées, me suis-je dit, Acta est fabula, comme dirait Auguste, « la pièce est jouée ». Autant arrêter…

Avez-vous été la proie, comme l’écrit Serge Airoldi, d’un « sortilège vénitien » ?
Il a raison. Je suis ensorcelé. Et ça ne s’améliore pas. Surtout en ce moment. Quand reverrai-je Venise ? Rien que d’y penser j’en ai le cœur serré comme si cette ville incarnait ce « monde d’avant », la ville de la mémoire heureuse, une sorte de vérité supérieure aujourd’hui inatteignable, qui console et nous veut du bien. En 1991, le bal Volpi a essayé de ressusciter le fameux « Bal du siècle » donné en 1951 par Charles de Beistegui au palais Labia. J’ignore si cette résurrection fut une réussite. À mon avis, ce ne pouvait être qu’un échec. Déjà en 1951, c’était un monde ancien qu’on enterrait. Donc la tentative était, à mon avis, désespérée. Rien que dans son intitulé : « Tenir tête au temps » – la formule est empruntée à Paul Morand. Venise peut-elle tenir tête au temps ? C’est une vraie question. Le passé n’y est pas mort, il dure sous nos yeux et ne cesse d’habiter un éternel présent. La première fois que j’ai vu Venise, j’ai cru naïvement que ces églises et ces palais étaient des pastiches. Je pense que c’est le seul endroit au monde où la transmission du temps s’est faite sans problème, naturellement. L’archéologie par exemple n’y est pas régressive.
Le Grand Vicaire – collaborateur du patriarche de Venise –, insaisissable et de pouvoir mystérieux (les églises fermées sont pour une bonne part de son ressort), incarnant avec sourire l’enfer de la bureaucratie, est-il pour vous un personnage kafkaïen doublé d’un « Cerf blanc » ?
Kafkaïen, c’est peut-être lui faire beaucoup d’honneur. Il est tout banalement bureaucratique. C’est la figure éternelle de celui à qui on délègue une parcelle de pouvoir et qui entend l’exploiter et l’exercer au maximum.
L’Église ressent profondément, je crois, la perte de sa puissance. Elle s’accroche désespérément à des symboles et entend contrôler jalousement ce qui lui est désormais concédé. Ces églises somptueuses qui ferment les unes après les autres sont l’aveu d’une défaite. Les autorités religieuses n’ont pas trop envie qu’on mette le nez sur ce qui est ressenti comme un fiasco.

La recherche du secret des églises closes relève-t-elle chez vous, l’ami d’Hugo Pratt, d’une quête kabbalistique ? N’y a-t-il pas également dans votre démarche une volonté de salut, de rédemption tridentine : rendre de nouveau visible la gloire de Dieu en des lieux soustraits au regard depuis un temps généralement indéterminé ? Faut-il lire ainsi la phrase de Pascal placée en exergue de votre livre : « Nous ne cherchons jamais les choses, mais la recherche des choses. » ?
Kabbalistique, je ne crois pas. Je ne suis même pas sûr d’ailleurs qu’Hugo Pratt y adhérait vraiment. Il s’est servi de cet ésotérisme pour rendre plus piquant son récit, mais il me semble que c’était plus un jeu chez lui qu’une croyance.
En revanche, j’ai pris très au sérieux un événement comme le concile de Trente. Je me suis même rendu dans cette ville lors de mon séjour à Venise. Ce concile qui a marqué le monde catholique jusqu’à nos jours m’a toujours passionné. C’est un événement extraordinaire, très complexe aussi.
Pourquoi ?
Quant au terme des travaux en 1563 les participants se sont séparés on a cru que ce concile allait être sans lendemain. Il n’a produit ses effets que bien des décennies plus tard, notamment en France. La nouvelle liturgie, toute cette mise en scène et ce faste, l’orgue, la somptuosité des autels ornés de peintures, une vision optimiste de l’homme : Venise a mis très tôt en pratique cet aspect désirable et j’allais dire rutilant du catholicisme tridentin.

Votre livre n’est-il pas à la fois habité par la joie et le sentiment de la perte (de votre ami Milan, de votre propre « conclusion ») ?
« Je déborde de joie dans nos malheurs. » J’aime bien ce mot de Paul dans L’épître aux Corinthiens. J’ai tendance à penser que la vraie joie ne peut être qu’adossée au malheur. De tous les sentiments, c’est la joie qui est la plus présente dans ce livre.
Quant à l’absence dont vous parlez, elle constitue le vrai secret de toutes les églises fermées. La perte… Dans ce monde qui est le nôtre il y aura toujours un absent. Quelque chose manque. Mais quoi ? Le paradoxe est que ces sanctuaires contiennent une force explosive qui vous éclate littéralement à la figure. Cette pression qui se libère est vraiment stupéfiante. Elle est constituée d’une accumulation : le temps, le silence, les ténèbres, l’odeur aussi. Toute cette addition, qui a travaillé à l’insu des hommes, se dégage brutalement lorsque les portes s’ouvrent.
« plénitude », « unité », « joie », « allégresse », « euphorie », « jubilation », « exaltation », « enchantement », « ravissement », « béatitude », « illumination » : n’éprouvez-vous pas parfois aussi à Venise des moments d’ennui, de découragement, d’acédie, voire d’exaspération face à la marée noire des touristes entre Rialto et San Marco, et la théâtralisation permanente d’une ville qui en fait souvent trop ?
Aimer ne va pas sans une dose d’aveuglement. Venise, c’est à la fois la beauté profanée et magnifiée. Mais, entre nous, la profanation, j’ai fini par ne plus la voir. Et j’ai fait vite abstraction du touriste, mon semblable, mon frère… Il y a quelque chose presque de désespéré et de pathétique dans ce mouvement brownien. Les visiteurs speedés ne veulent rien rater, d’où une impression étrange qui n’appartient qu’à cette ville, une apparence somnambulique. On croirait des automates. Dire ainsi les choses pourrait signifier qu’on se sent différent ou supérieur à la multitude. J’appartiens moi aussi au troupeau, mais je veux marcher – ou piétiner – à ma guise.
Pour apprécier cette ville, il faut avoir un rapport particulier au temps. J’ajouterai que tout le monde a droit à Venise. Elle n’est pas l’apanage des intellos ou des esthètes. Cette beauté entrevue par des touristes pressés ne saurait être infructueuse. Cette ville contre-nature produit un effet déstabilisant. Le défilé accéléré de cette beauté qui surabonde est perturbant. Nul doute qu’après coup ce spectacle, cette harmonie cheminent dans l’esprit des visiteurs comme une sorte de rumination. Venise est toujours logée de façon particulière dans un coin du cerveau des humains.

« Je dois presque tout à l’Italie », écrivez-vous en mentionnant l’éblouissement, pour le provincial que vous étiez, de la vision des films de Dino Risi et Luchino Visconti, Il Sorpasso et Sandra. Qui sont aujourd’hui les artistes italiens qui vous vivifient ?
Aucun artiste contemporain en particulier, je l’avoue. Soyons francs : je suis loin d’avoir épuisé le passé. L’Italie incarne pour moi Ia surprise attendue. Dans n’importe quel lieu visité, je sais que l’imprévisible va surgir. À la fois comme un dépaysement et quelque chose de connu. Un rebond inévitable. Cet étonnement programmé est un mystère pour moi. Nous partageons tant de points communs avec l’Italie ! Nous nous reconnaissons en elle, nous y retrouvons une partie de notre visage, mais une partie seulement, une ressemblance en même temps qu’une discordance, un supplément insaisissable. C’est cela qui me vivifie, comme vous dites. Lorsque je connaitrai la nature de cette attente, cette part inconnue qui ne cesse de m’échapper, je cesserai peut-être de m’intéresser à ce pays.
A Venise, n’avez-pas pensé à ces chapelles bretonnes fermées, très souvent du XVIe ou du XVIIe siècle, à qui la clé a été confiée à tel ou tel fermier voisin ?
Il n’y a pas que les chapelles bretonnes, c’est un phénomène qu’on observe à présent presque partout en France. Lorsque je remontais la Marne, je me souviens que la plupart des églises des villages que je traversais étaient fermées. C’était un vrai jeu de piste pour trouver la personne qui en détenait la clef. J’adorais le moment où j’engageais moi-même la clé dans la serrure. S’introduire seul en été dans une église fermée produit une sensation rare. L’odeur de cave et d’aromates qui vous saisit. Et ce fameux contenu latent qui parvient plus ou moins à se libérer. Les cinq sens sont mis à contribution, surtout l’ouïe et l’olfaction. Toutes ces substances odorantes accumulées, la bougie, l’encens, les fleurs séchées. J’ai retrouvé ces impressions avec encore plus d’acuité et je dirais de majesté dans les églises fermées de Venise. Il ne faut pas oublier que mon livre a pour origine une église bretonne d’Ille-et-Vilaine où mon enfance s’est déroulée. J’y servais la messe.

Paul Morand écrivit à la fin de sa vie son fameux Venises. Qu’a symbolisé pour vous le fait de recevoir le prix portant son nom en 2002 ?
J’étais comblé, littéralement. C’est un prix particulièrement bien doté. Bon, j’ai beau trouver Morand assez antipathique, j’admire infiniment l’écrivain même si la relecture de Venises que je portais aux nues naguère m’a déçu. Le charme n’opérait plus. Lorsque j’étais journaliste au Matin de Paris, j’étais allé voir au début des années 80 les cousines d’Hélène Morand à Trieste. Je m’étais rendu à l’occasion sur la tombe de l’écrivain.
Il est certain que lorsqu’on lit la correspondance Chardonne-Morand, de loin le plus percutant est Morand même si le spectacle d’un vieillard égoïste qui pleurniche sur la vie chère et la perte de ses privilèges est détestable. Chardonne, dont j’admire pourtant la prose, ne fait pas le poids ; Il est toujours à la remorque de Morand. Il le flatte d’ailleurs assez bassement.

Votre détention comme otage au Liban, du 22 mai 1985 au 4 mai 1988, a-t-il engendré chez vous un approfondissement de votre mémoire et une réflexion accrue sur la question de la présence ?
La mémoire n’est pas la reprise incessante du passé. Autant que j’ai pu, j’ai voulu me garder de cette mémoire victimaire qui ne cesse de demander des comptes. Par hygiène mentale, non par vertu, j’ai voulu extirper tout sentiment de vengeance. La vengeance n’est pas douce à l’âme, c’est une colère qui la corrode lentement et ne vous laisse jamais en paix.
Y a-t-il pour vous d’autres lieux aussi importants, cardinaux, vitaux, que Venise ?
Honnêtement, je ne vois pas d’autres lieux qui me relient à ce point à mon passé et à ma propre existence même si, j’en ai conscience, cette Venise est en partie rêvée ou imaginaire.

Après la parution de votre livre, de nouvelles églises ont-elles été ouvertes pour vous ?
Quelques sanctuaires ressuscitent, comme San Lorenzo, qui ne s’ouvrent généralement que le temps de la Biennale. Malheureusement c’est le phénomène inverse qui se produit. De moins en moins de fidèles et de prêtres, l’heure est au regroupement des églises. Comment redonner une deuxième vie à ces édifices ? C’est tout le problème. L’église du Soccorso par exemple est devenue l’atelier d’un décorateur d’intérieur. Il l’a restaurée parfaitement avec un souci de l’intégrité que je trouve admirable. L’autel est magnifique. On ne voit que lui. Rien n’y est posé. Je trouve que cette démarche respectueuse est une piste. Cette sécularisation est préférable à une destruction.
Retourneriez-vous vivre à la Giudecca ?
C’est mon vœu le plus cher. Il y a un poème de Valéry Larbaud où il écrit :
« Oh ! qu’il me soit donné encore une fois,
De revoir quelques endroits aimés, comme
La Place du Pacifique à Séville. »
Ma place du Pacifique à moi, c’est le canal de la Giudecca avec la vue sur les Zattere.
Propos recueillis par Fabien Ribery
Jean-Paul Kauffmann, Venise à double tour, Les Equateurs, 2019, 324 pages – publication en collection Folio – Gallimard, 2020
Jean Paul Kauffmann – Gallimard

Venise à double tour : photographies