
JH Engström est un artiste des polarités contraires, et du sublime dans la pulsion de vie.
Ses photographies sont à la fois des études et des instantanés, des recherches sur le nu, le paysage, la nature morte, le portrait et l’autoportrait, mais aussi une saisie de ce que produit l’expérience de la rue, des corps désirants, des âmes déchirées par la solitude.
Des rencontres et des êtres isolés, le plein déploiement de la nature et l’univers urbain, le feu et le froid, la roche et la peau.

L’ivresse est pour JH Engström un principe général, non qu’il soit simplement un effet de l’alcool, mais une force d’emportement irradiant ses images travaillées dans leur texture même comme des organismes vivants.
Paris et le Värmland natal, Stockholm et New York, dans le sillage des maîtres, Christer Strömholm/Anders Petersen et Robert Frank.
La Weltangschauung du photographe suédois vivant à Montreuil – voir le très beau Day by Day, Bessard Editions, 2020 – relève d’une énergie vitale où l’exploration de l’intime se veut universelle.
©JH Engström
Auteur de dix-huit livres, dont le princeps Trying to Dance (Journal, 2003), et de quatre films, exposé dans le monde entier, Engström entre aujourd’hui dans la collection Photo Poche chez Actes Sud, dont la large diffusion permettra probablement encore d’étendre son audience.
Le photographe aime l’esquisse, le geste vif, la franchise.
Loin d’une quelconque approche viriliste, Ensgtröm regarde les hommes dans leur vulnérabilité, leur tendresse, leur soif d’amour, le manque.

Son œuvre s’apparente ainsi à un vaste journal de solitude témoignant de l’odyssée de sa présence à la fois fragile et brute dans les lieux qu’il traverse, la photographie construisant la permanence d’un corps quand tout fuit et que le doute s’installe.
Les regards de ses personnages sont directs, un peu perdus, de profonde mélancolie.
Une hache apparaît, il faut savoir trancher, refuser les compromis.
©JH Engström
Engström photographie ses amis, leur belle nudité, le passage de la jeunesse, les variations de la lumière.
Il s’agit ici, non de séduire, mais d’explorer la condition humaine et de proposer au regardeur un espace de méditation.
Les corps sont des moraines, les moraines sont des corps, l’amour comme la fraternité existent mais dans la blessure, la difficulté, l’impossible.

Nous vivons dans un miroir brisé où crépitent les flammes de nos errances.
Ainsi la poétique photographique d’un des grands artistes de notre temps.
JH Engström, texte Urs Srahel, Photo Poche, Actes Sud, 2021, 144 pages – 71 photographies
©JH Engström
JH Engström est représenté à Paris par la galerie Jean-Kenta Gauthier
©JH Engström
JH Engström signe son livre le mercredi 2 juin à la librairie La Comète (Paris, Xe) à partir de 18h30