
Les chanceux qui pourront se rendre avant le 26 mars à la galerie 24 Beaubourg (Paris) y découvriront une exposition, intitulée Voir peut-il rendre fou ?, parmi les plus exceptionnelles depuis longtemps.
Son maître d’œuvre en est la plasticienne Aurélie Dubois, qui y présente dix-sept années de recherches concernant les limites du corps humain, les questions de l’obscénité, du rire et de l’effroi, mais aussi les stéréotypes de genres.
L’humanité telle que la voit, la désire et l’inquiète Aurélie Dubois est hybride, mutante, enfantine, hypersexuée, innocente et criminelle.
La tendresse y côtoie la pornographie et le corps animal.
Les techniques sont multiples, photographies, dessins, encres, aquarelles, urine, eau croupie, fusain, feutre, verre brisé, pour dire au plus juste ce qui n’a pas de nom, mais traverse l’époque tel un terrible vent de métamorphoses, de folies et de fraternités inédites, jamais vues, et pourtant indiquant déjà les directions d’une nouvelle espèce en gésine dans l’ordre des vivants qui parlent, ou grognent.

Titre : Développement Pulsionnel
Format : 56×76 cm
Technique : graphite, encre carbone, urine
Année : 2017
Le lien est rompu. Des mains ombrageuses d’un âge qui n’est pas celui de la petite fille marquent la compulsion sexuelle des prédateurs humains. La tresse est rompue et finie comme la tête d’un serpent ou d’un sexe masculin. Elle est dans la position d’une personne qui se recroqueville ou qui s’apprête à se séparer de ses déjections. Le signe de la déjection est une mise en parallèle avec le stade psychanalytique sadique-anal, siège des perversions à venir.

Titre : Les Bâtisseurs
Format : 30×40 cm
Technique : mine graphite
Année : 2012
Les images de ces hommes que j’ai connus. Les hommes du « bâtiment ». Ils parlent fort, ils sentent, ils portent des chevalières, des gourmettes en argent, des chaînes sur leurs torses velus. Ils chantent, ils se transforment dans mon imaginaire d’enfant. Ils deviennent des femmes maniérées et inabouties.

Titre : Animals love Humans
Format : 90×120 cm
Technique : photographie couleur
Année : 2012-2017
Il est trop tard, nous, les humains, nous n’avons jamais compris que les animaux nous aiment. La mort est irréversible, la souffrance animale semble l’être aussi. J’aime les animaux plus que tout au monde. Mon souhait serait qu’ils vivent en paix et que les humains respectent le rôle de gardien dont ils sont porteurs. Pour l’instant nous sommes des assassins de tous les règnes.

Titre : Wild Side
Format : 50×70 cm
Technique : photographie couleur
Année : 2016
Le corps en marche, sur le trottoir onirique. Le visage disparaît, se transforme en Peuple Objet.

Titre : jeux d’enfants
Format : 50X70 cm
Technique : photographie couleur
Année : 2012
Les enfants cherchent à connaître ce qui est caché. Les adultes ne cessent d’être ces enfants. Cette image est en or parce qu’elle est précieuse dans sa vérité.

Titre : Human Behavior
Format : 90×120 cm
Technique : photographie couleur
Année : 2013
Tout donner au silence des natures. Tout donner au vent, au soleil. Qui peut l’entendre ? Qui entend ce cri silencieux, offert à celui qui osera se reconnaitre ? Il est nous.

Titre : Mes tresses s’amusent
Format : 150×200 cm
Technique : mine graphite et papier moisi
Année : 2016
Synthèse de toutes les dimensions qui composent mon travail de création. La mort, la naissance, la beauté, le lien, l’emprisonnement, la laideur, le sommeil et l’éveil.

Voir peut-il rendre fou ? Exposition d’Aurélie Dubois à la galerie 24 Beaubourg (Paris), texte éponyme de Paul Ardenne dans un catalogue disponible sur place.
Paul Ardenne, Belly le ventre, éditions Le Bord de l’eau, 2017, 366p