La nuit est mon royaume, par Alisa Resnik, photographe

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©Alisa Resnik

Le royaume unique d’Alisa Resnik est la nuit.

Personnage principal de son œuvre, le monde nocturne prend chez elle des dimensions fantastiques, qui sont aussi des espaces intérieurs hantés.

On pourrait être quelquefois dans un décor de Richard Peduzzi influencé par le cinéaste lituanien Sharunas Bartas, ou le russe Alexandre Sokourov.

Dans les limbes de l’imaginaire, les amoureux descendant main dans la main les escaliers de la nuit sont des figures dantesques.

De la famille élargie de Michael Ackerman, Lorenzo Castore, Stéphane Charpentier, Damien Daufresne, Gilles Roudière et Patricia Morosan, la lauréate du prix European Publishers Award 2013, née à Saint Pétersbourg en 1976, publie dans l’Aveyron, chez David Fourré (éditions Lamaindonne), la monographie On the night that we leave.

Il y a des tas de neige sale, et des regards inquiets pressentant un danger imminent.

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©Alisa Resnik

En son conte noir, derrière le miroir des jours, Alisa Resnik traverse des forêts de symboles, rencontrant des êtres titubants, pantins de mélancolie passant par des palissades trouées.

Des hommes avinés transformant leur règlement de compte en embrassades de fraternité torve.

Des silhouettes furtives alors que tout est houille, ténèbres, obscurité d’enfer.

Qui tire les ficelles de la nuit ?

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©Alisa Resnik

Des glaçons tintent dans un verre de whisky tandis que le silence règne.

Des rails, des inscriptions en alphabet cyrillique, des ciels tempétueux, et des individus effondrés en eux-mêmes ou sur une table de bar.

On se cherche à travers les larmes, les ruines, les coups.

Le charbon de la nuit teinte les peaux, l’ontologie est un visage de mineur de fond hagard.

Quand la ville dort, les éveillés ont des airs de conspirateur.

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©Alisa Resnik

La révolution ? Une fleur d’iris fanée un soir de trop grande lucidité.

On fume, on se drogue, on boit, on danse macabre seul ou ensemble.

La photographe se représente, témoin des splendeurs enténébrées de la contre-vie.

Le jour point, il va falloir vite se coucher, de peur de perdre la vérité des mystères lunaires et électriques pour la clarté trompeuse du soleil.

On s’aime à l’abri des regards, on est dingues, on est fous à se pendre.

Le territoire de la nuit est pour l’auteure rare de L’un l’autre (Actes Sud, 2014) un espace de liberté échappant au contrôle social, au risque d’y égarer son âme.

Tout ceci est très beau, il faut d’urgence en informer les derniers cercles des vivants.

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Alisa Resnik, On the night that we leave, édition David Fourré, photogravure Guillaume Geneste (La Chambre Noire), Lamaidonne, 2021, 152 pages

Lamaindonne

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Se procurer On the night that we leave

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