De la réalité absolue, par Alexandre de Mortemart, photographe

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© Alexandre de Mortemart

Vivant entre Londres, Calcutta et Paris, Alexandre de Mortemart est un photographe très inspiré par le cinéma, qu’il s’agisse de celui d’Orson Welles, d’Andreï Tarkovski et des maîtres formalistes russes, pour qui la dramatisation des lignes relève d’une énigme intime.

Ses images au noir et blanc argentique, tirées avec beaucoup d’expressivité et de nuances par Guillaume Geneste (atelier La Chambre Noire), touchent souvent au sublime, en ces territoires où l’absolu de la beauté côtoie l’effroi et la terreur.

Son dernier ouvrage, QUEST, publié en Italie chez Damiani, est une interrogation de nature métaphysique sur le devenir de l’humanité à l’heure d’une désorientation générale.

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© Alexandre de Mortemart

Qu’en est-il aujourd’hui des pierres, des visages, de la forme des villes ?

Quel secret est-il au fondement de nos errances ?

Le temps s’est-il arrêté dans un sentiment de catastrophe ?

Ces silhouettes à l’ombre des buildings sont-ils des démons ou des élus ?

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© Alexandre de Mortemart

A propos des photographies d’Alexandre de Mortemart, Agathe Gaillard, sa galeriste, cite très justement André Breton : « Je crois à la résolution future de ces deux états, en apparence si contradictoires, que sont le rêve et la réalité, en une sorte de réalité absolue. »

Il y a en effet dans la façon dont les corps heurtent l’espace ou se déplacent de façon spectrale l’impression d’une surprésence, entre pure abstraction et incarnation témoignant d’un ordre supérieur.

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© Alexandre de Mortemart

Les voiles se soulèvent, qui peuvent être de gaze ou de peintures écaillées.

Chaque personne entrant dans le cadre de l’objectif est une allégorie d’un esprit touchant avec indifférence les chairs et les murs, les tissus et les affiches lacérées par le temps.

QUEST est une théologie d’ombres et de lumières, de petits pans de murs lépreux et de porches de temples inaperçus, parce que rien d’autre ne les signale rétrospectivement que le regard de l’observateur travaillant au cœur du mystère.

Il y a ici une grande fluidité, qui est celle des plans de réalité glissant les uns sur les autres, comme on voit des aigrettes prendre appui sur l’invisible pour diriger leur vol.

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© Alexandre de Mortemart

Les êtres que photographie Alexandre de Mortemart sont de nobles figures ou des passants blessés.

La moire du fleuve indien est un liquide amniotique recueillant les vivants et les morts.

L’humanité est par essence carnavalesque, quand nous prenons conscience que le théâtre du monde flottant est notre première demeure.

On se grime, on se costume, on s’apprête, on devient charme ou grimace.

On s’échange nos regards comme on s’empare de la peau de l’autre en s’amusant du spectacle sacré que nous ne cessons de jouer malgré nous.

Les oiseaux parlent, mais aussi les arbres, et les feuilles écrivant sur le sol d’étonnants logogrammes, et le macadam touché par la pluie.

Nous faisons de notre chute ontologique une danse extatique.

Nos rions, de cadavre à cadavre, de mannequin à mannequin, de surface à surface.

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© Alexandre de Mortemart

Et nous croyons que l’élégance est une ultime politesse, quand nous marchons entre des parois de verre brisé.

Morituri te salutant, murmurent intérieurement les dessillés.

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Alexandre de Mortemart, QUEST, préface d’Agathe Gaillard, Damiani, 2019

Alexandre de Mortemart – site

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© Alexandre de Mortemart

Alexandre de Mortemart est représenté par la galerie Agathe Gaillard (Paris)

Galerie Agathe Gaillard

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Se procurer QUEST

 

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